© Océan Films
Les péripéties de trois amis mettant tout en œuvre pour se procurer un costume, taillé par un couturier occidental, considéré comme la clef du monde adulte…
Le Muet, le Fonceur et Gueka, trois jeunes amis, sont mus par un désir obsessionnel de se procurer le costume noir rayé qu'une luxueuse boutique du centre-ville expose de manière quasi insultante sous leurs yeux. Symbole du monde des adultes et de la réussite (et certainement d'un ailleurs : l'Occident), ce costume revêt une importance fondamentale pour eux, leur offrant l'occasion de s'évader, d'échapper aux complications familiales que chacun subit. Le costume acquis, les trois amis vont le porter à tour de rôle, chacun ayant une bonne raison d'essayer de paraître. Il faudra que le Muet soit poignardé par l'amant éconduit de la jeune femme dont il est tombé amoureux, pour que les deux autres amis se rendent compte de la superficialité de leurs actes.
Khudojnazarov définit son film comme une « tragi-comédie » alternativement drôle et émouvante. Les personnages s'agitent, sautent, courent, cassent des vitrines, tentent de braquer une femme qu'ils finiront par confier aux bons soins d'un conducteur suite au déclenchement de contractions, aiment, pleurent, tombent… pour échapper à la réalité de la vie, à la confusion des sentiments, aux drames familiaux que chacun d'eux vit. Ce refus des réalités, représenté par cette perpétuelle mouvance, symbolise leur jeunesse, que la mort sacrificielle du Muet leur permettra de quitter. « Cette mort est non une fin mais le début d'une nouvelle vie » pour les deux autres amis.
Les trois jeunes gens sont interprétés par de jeunes acteurs inconnus, confrontés à trois acteurs professionnels reconnus. "Le Costume" est le premier film de Khudojnazarov tourné hors du Tadjikistan. Ce dernier ne s'y sentant plus en sécurité, il l'a dirigé en Crimée, au bord de la mer Noire. Les personnages évoluent donc dans un paysage intemporel, « un pays imaginaire où les espoirs sont ceux du passé et les angoisses celles d'aujourd'hui ». Khudojnazarov n'hésite pas à y aborder ses influences : Khoutsiev, Iosseliani, Truffaut… Mais "Le Costume" reste le 4ème film du réalisateur, après "Luna Papa" ('99), "Kosh ba kosh" ('93) et "Bratan" ('91), où l'évocation de la quête des parents et des conflits intergénérationnels est confirmée comme un thème récurrent dans sa filmographie.
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