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C'est le premier jour de l'été, c'est le jour le plus long, c'est le soir de la fête de la musique et c'est le jour où ML (K. Viard) a invité ses amis à venir dîner chez elle et son mari (D. Boon). Tous se préparent avec plus ou moins la même envie de venir à ce repas. La petite sœur (M. Hands) arrive notamment avec son fiancé quinquagénaire (P. Chesnais) et, en apprenant la venue de son père avec lequel elle ne veut plus parler, hésite à rester. C'est le début d'une longue soirée d'été autour d'une belle tablée...
Nouveau film choral français, « Le code a changé » rassemble une foultitude d’amis autour d’un repas organisé le jour de la fête de la musique. Il est vrai que le film choral a cette faculté d’explorer les nombreuses facettes que le genre humain peut comporter. Il s’immisce dans le cercle familial (« Un conte de Noël » d’Arnaud Desplechin) ou le voisinage (« Mille millièmes » de Rémi Waterhouse), il ausculte le monde étudiant (« L’auberge espagnole » de Cédric Klapisch) ou le monde de l’art (« Musée haut, musée bas » de Jean-Michel Ribes), il fait se croiser des personnes inconnues (« Pulp fiction » de Quentin Tarantino) ou les réunit autour d’un événement extraordinaire (« Magnolia » de Paul Thomas Anderson). Le film choral n’a pas fini de nous livrer tous ces aspects… Et Danièle Thompson n’a pas fini d'approfondir ce genre puisque sur quatre films réalisés, c’est son troisième film choral après « La bûche » (1999) et « Fauteuils d’orchestre » (2005). Seul « Décalage horaire » (2002) mettait en scène deux rôles principaux.
Dans « Le code a changé », Maman et fiston Thompson (Danielle et Christopher, les scénaristes) nous convient au repas de dix amis, de ces repas où on n’a pas envie d’aller. Ils sont souvent le moment où il devient difficile de cacher ses petits secrets, où les discussions, avec un verre dans le nez, touchent au plus proche de la vie privée et où les quatre vérités peuvent vous être balancées en pleine poire, pour le plaisir de ceux qui les lâchent et le déplaisir de ceux qui les prennent !
Le scénario des Thompson à ce sujet peut un peu décevoir. L’histoire est plutôt légère, douce et commune mais certes juste, sincère et honnête. Nous sommes à milles lieues du tragique, façon « Un conte de Noël » ou du profond façon « Le goût des autres », les Thompson étant abonnés aux comédies (et ne sont pas descendants de Gérard Oury pour rien !)… Cette comédie acidulée est donc beaucoup plus proche de la fantaisie façon « La bûche » qu’ils nous avaient déjà servie auparavant.
Les convives, originaires de milieux sociaux très différents, s’affrontent verbalement sur les traditionnels sujets du couple-famille-travail. Ainsi, un docteur (brillamment interprété par Patrick Bruel) a du mal à se regarder dans la glace parce qu’il ment constamment à ses patients ; une avocate (délicieuse Karin Viard) plaide dans les divorces mais ne voit pas ses propres problèmes de couple; et une épouse brimée par son mari (excellente Emmanuelle Seigner) peine à s’envoler de ses propres ailes… Les situations comiques sont là mais ne débordent pas... On retiendra tout de même le rock endiablé de Pierre Arditi avec Patrick Chesnais et les dialogues incisifs de Marina Foïs et Karin Viard qui héritent des meilleures vannes du film !
Derrière la comédie, le film traite du mensonge, du paraître et, faisant directement référence au titre du film, il aborde ce code qui caractérise chaque personne et qui évolue avec le temps. Le code de chaque porte d’entrée peut en effet changer de la même manière que le code qui distingue chaque personne peut évoluer, la faire changer et la faire s’épanouir. Vous n’avez dès lors plus les clés pour la décrypter, la comprendre, la toucher et l’aimer… C’est surtout cette belle leçon que le film nous inculque.
On pourra alors oublier les micros qui polluent les scènes du repas au-dessus de la tête des comédiens à plusieurs moments du film et se laisser-aller à cette comédie un brin conventionnelle mais pleine d’empathie.
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