© Diaphana Distribution
En Bosnie, un contrôleur aérien, marié à une hôtesse de l'air, est démis de ses fonctions. Il croise un des ses anciens ami, qui dit s'être initié à l'Islam quelques 5 ans après la guerre, suite à un accident. Quelque temps après, l'homme accepte un travail de quelques jours pour cet ami. Tenant sa femme à l'écart, il est de plus en plus souvent absent, allant jusqu'à découcher...
La réalisatrice Jasmilla Zbaniac, déjà récompensée d'un Ours d'or à Berlin, nous offre une oeuvre sous tension, contant les démêlés d'un couple bosniaque, dont l'homme, suspendu de son travail de contrôleur aérien, se laisse engager par des extrémistes musulmans, et redécouvre sa foi. En faisant rapidement pénétrer le spectateur, aux côtés de la femme, dans un camp isolé, où hommes et femmes vivent séparés, la réalisatrice réussit à installer une ambiance pesante, l'interrogation portant nécessairement sur la nature du camp, et la capacité de ses deux héros à poser des limites à cette religion devenue un obstacle entre eux.
Le danger devient palpable, mais la violence se limite à l'aspect psychologique, la femme étant isolée, confrontée au regard de celles qui acceptent de revenir sur leurs libertés individuelles et de se plier aux pratiques des hommes, laissant le spectateur bouillonnant de révolte. L'identification au personnage de la femme fonctionne à merveille à force de détails concrétisant le danger: on l'appelle "la nouvelle de Sarajevo", le mari affirme que "l'ouest tue la pureté chez les femmes"... Progressivement, la démonstration du début, l'hôtesse montrant à ses passagers les issues de secours, prend tout son sens pour le spectateur.
Doublant ce récit d'un déchirement, d'une perspective d'enfant symbolisée par une insémination artificielle programmée aux enjeux éthiques forcément importants, le scénario de "Na Putu" s'attaque aussi au traumatisme d'un génocide dont les populations ne comprennent toujours pas les raisons. Se tourner vers un culte religieux est alors un réflexe évident, pour chercher des réponses, comme pour se rassurer. Au final "Na putu" est un film troublant, sans concession, servi par deux interprètes toujours sur le fil du rasoir.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais