© Sophie Dulac Distribution
En 1889, dans la ville de Turin, Friedrich Nietzsche aurait étreint le cou d'un cheval qui refusait d'avancer. Par la suite, il aurait perdu la raison. On ne sait pas ce qu'est devenu le cheval...
Sensé être le dernier film du réalisateur hongrois Béla Tarr, "The Turin horse" part d'un postulat simple et aussi anecdotique que déroutant: suivre le devenir d'un cheval, en 1889. Béla Tarr, alors, brode un simulacre de récit, chapitrée en cinq jours, prélude à la mort du paysan propriétaire du cheval et de sa fille qui s'occupe de lui. Tous deux vivent dans une maison isolée, au milieu de terrains balayés par des vents à décorner les bœufs.
Sans véritable histoire, ce film-concept déroute par sa longueur (2h26) et son aspect contemplatif, exposant un dénuement quotidien, égrainant une routine du pauvre, qui serait aujourd'hui à la limite du supportable: mettre les bûches dans le feu, aller chercher l'eau au puits, manger une pomme de terre avec les doigts, aider le père à se coucher... Une routine, perturbée par de très, très rares événements (un homme venu se plaindre du contexte « économique », des gitans venus voler de l'eau...).
Certains y verront les signes d'une apocalypse proche, la fin d'un monde, entre appauvrissement généralisé, replis sur soi, peur de l'économie gangrenée par le pouvoir et peur de l'étranger. D'autres s'ennuieront fortement. Mais malgré son austérité, "The Turin horse" fascine par ses qualités esthétiques, son tournage favorisant les plans séquences (la scène d'ouverture est d'une beauté époustouflante, comme pouvait l'être celle du pénible « L'homme de Londres »), son noir et blanc, sa musique inquiétante et répétitive qui prend aux tripes, et le caractère épuré de ses plans. Une expérience qui marquera forcément, mais qui reste cependant très difficilement accessible.
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