La place du père

Cette comédie dramatique, dans la veine du « Mariage de Tuya », traite du rapport au travail et de la fierté de l'homme à subvenir aux besoins de sa famille. Un joli voyage, fortement dépaysant, fait de petits boulots et porteur d'une générosité immense, qui commence par l'échappée belle d'une autruche, où les autres sont intelligemment montrées comme des supporters, encourageant leur fourbe camarade. Les scènes de recherche de l'animal, durant lesquelles notre pathétique héros se déguise lui-même en autruche, font à la fois preuve d'un bel humour, d'une certaine détresse, mais aussi d'une jolie poésie.

Tout au long du film, on se laisse séduire par le formidable acteur principal, prêt à tout pour payer à sa fille un nouvel appareil auditif, elle qui doit passer prochainement un examen. Ses déboires en tant qu'apprenti taxi (querelle avec un client malhonnête, panne lors d'une livraison de frigo, transport improbable de pneus ou tuyaux...) doublent l'humour d'un certain suspense et font adhérer le spectateur à sa cause. A ce quotidien pas si rose, l'auteur mêle une poésie inattendue, autour de besoins que l'homme du foyer à du mal à pourvoir (voir la sublime scène de récupération d'une porte bleue, dont le voyage, très graphique, est filmé en hélicoptère), et de jeux d'enfants autour d'un point d'eau sensé porter chance. On tremble pour de petits riens, pour que la chance tourne enfin, pour que l'homme se rétablisse vite, pour que les poissons rouges restent vivants malgré la fuite dans le tonneau qui les transporte. Ajoutez à cela un sens certain de l'esthétique et vous découvrez là un vrai bijou.