affiche film

© Rezo Films

LE BRUIT DES GENS AUTOUR


un film de Diastème

avec : Bruno Todeschini, Emma de Caunes, Léa Drucker, Olivier Marchal, Olivier Py, Linh Dan Pham, Frédéric Andrau…

L’été est là en Avignon. Le prestigieux festival de théâtre s’apprête à débuter. Artistes, techniciens et spectateurs se préparent à vivre l’évènement. La vie continue, avec ses peines et ses joies : Alex et Maud doivent faire abstraction de leur difficile et récente séparation, pour leur pièce, Richard est hanté par la disparition de sa femme qui lui a inspiré cette même pièce, Louise a des tendances suicidaires, Henri sent qu’il tombe amoureux…


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Photo film

Un film choral plein de justesse et d’humanité

Qui se souvient de Diastème, du temps de sa carrière de critique chez "Première" dans les années 90 ? Qui se rappelle qu’il avait quitté le magazine dans le but de passer à la réalisation mais que son essai de court métrage (« Même pas mal » en 2000) n’a guère marqué les esprits ? Toujours est-il que cette lente gestation, agrémentée de détours vers le théâtre et la littérature, a fini par porter ses fruits, vu le résultat de ce premier long métrage. En s’associant à Christophe Honoré pour le scénario (après une précédente collaboration sur le scénario du téléfilm « Tout contre Léo ») et à une belle brochette d’acteurs, Diastème livre en effet une œuvre qui donne un peu de vent frais dans ce cinéma français qui a tendance à s’ankyloser soit dans le divertissement lourdingue soit dans l’auteurisme nombriliste et dédaigneux.

Ici, tout commence par une série de petites séquences qui se répondent par rimes visuelles sur le thème de l’eau. Une belle entrée en matière pour ce film choral qui s’imprègne de tous les aspects les plus enthousiasmants de la création théâtrale contemporaine. La forme colle donc avec le décor (le festival d’Avignon), avec les personnages (qui gravitent tous à leur manière autour du monde du spectacle vivant) et même avec le choix du casting (celui d’Olivier Py notamment, reconnu pour ses créations de théâtre contemporain). Une telle homogénéité est déjà de bon augure, d’autant que le ton pédant, toujours à redouter avec un tel thème, est heureusement absent – les artistes qui parlent des artistes, ça ne produit pas toujours du bon !

Au contraire, on sent dans ce film un souffle d’authenticité et une certaine auto-critique du monde du spectacle qui fait plaisir à voir. Pas d’auto-satisfaction du style « regardez comme c’est beau la vie d’artiste et comme on est plus intelligents ! » Des caprices de star aux galères des "petits" artistes, en passant par le mal-être de la vie de bohême, le film dévoile honnêtement la face obscure de l’art, les aspects désagréables des coulisses, les désillusions de celles et ceux qui se retrouvent dans cette spirale de la création. On est donc loin des sourires de façade et des innombrables amitiés hypocrites que nous vendent si souvent les médias et leurs clichés bien léchés !

Ceci dit, le film ne tombe pas non plus dans une vision pessimiste du spectacle. Au contraire, il donne aussi un aperçu de ce qui fait l’essence et l’intérêt de ce monde-là. D’ailleurs, le film est tout de même plus humoristique que dramatique, même s’il flirte avec les deux aspects. Chacun à leur façon, les 9 personnages vous apportent plus d’un sourire, à commencer par Olivier Py, toujours aussi bon, et Linh Dan Phan, qui nous donne un aperçu inédit et hilarant de son talent dans un rôle volontairement extravagant. Olivier Marchal est drôlement touchant dans la peau d’un bon gros nounours timide et maladroit. Quant à Emma de Caunes, Bruno Todeschini et Frédéric Andrau, leurs rôles sont moins prompts à faire chauffer les zygomatiques mais cela n’enlève rien à l’excellente qualité de leur performance.

Finalement, le film est avant tout réjouissant car il place les artistes à leur niveau d’êtres humains, ni supérieurs ni inférieurs aux autres. Car quoiqu’on en dise, le monde du spectacle n’est à part que dans les apparences. Les espérances, les angoisses, les joies, les tristesses, les réussites, les obstacles… leur enjeu principale n’est pas différent de celui de Monsieur Tout-le-monde : la vie, tout simplement. Avec le bruit des gens autour.

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