affiche film

© Jour2fête

LAYLA

(Layla Fourie)


un film de Pia Marais

avec : Rayna Campbell, August Diehl, Rapule Hendricks...

Une femme noire, mère célibataire âgée de 27 ans, vient de trouver un emploi dans le domaine de la sécurité et plus particulièrement des détecteurs de mensonges. Sur le chemin de sa première mission, dans une chaîne de casinos, elle écrase un homme avec son véhicule. Décidant de cacher l'accident, de peur des conséquences, elle va tenter d'emmener le corps à la décharge...


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Photo film

Un film qui passe à côté de son sujet

"Layla" est un film sud-africain découvert au Festival de Berlin 2013, et ayant fait l'objet d'une mention spéciale à l'Ours d'or, de même que "Promised Land" de Gus Van Sant, tous deux « pour leur engagement et la croyance que le cinéma peut changer quelque chose ». Sensible à l'aspect social du film, concernant la précarité et le légitime cas de conscience sur lequel est construit l'intrigue (particulièrement pour quelqu'un qui est chargé de contrôler les mensonges des autres), le jury semble ne pas avoir noté le défaut principal du film : une quasi absence de tension, dommageable, quand le sujet de fond est au final le danger permanent, et donc la peur.

Le scénario tente de poser en menace principale la famille de l'homme que Layla a renversé, forcément lancée à la recherche du disparu. Construisant un suspense artificiel autour de cette figure partiellement abstraite, le récit apparaît comme balisé de fausses pistes, tantôt écartées avec trop de facilité (le téléphone de la victime conservé par le gamin, l’utilisation des vidéos du casino...), tantôt à la limite du grotesque, et de coïncidences amenées souvent trop brusquement.

Le début du métrage était pourtant très prometteur avec une scène d’accident très réussie, la réalisatrice Pia Marais installant une ambiance nocturne inquiétante. Son choix d’éluder des parties du comportement de Layla au moment de l'accident, permettant ainsi de les révéler progressivement, par bribes au cours du récit sous forme de divers flash-back, était plutôt judicieux. Cependant, le fait de ne donner à voir quasiment qu’un seul des candidats aux différents postes proposés par le casino, passant au détecteur de mensonges, et comme par hasard parent du disparu, jette le doute sur ce hasard déjà improbable.

Alors qu’elle tenait à bout d’objectif des tensions aisément palpables et aurait pu nous entraîner dans un monde où une femme noire élevant seule un enfant ne peut faire confiance à personne, où « l'autre » est synonyme de danger, Pia Marais n’a pas su exploiter le matériau qui s offrait à elle. Elle rate ainsi son véritable sujet, la peur de cette femme, seule au sein d’un pays comme l'Afrique du Sud, qu’elle retranscrit pourtant à merveille dans la remarquable scène où l’héroïne se barricade à l'intérieur d'une maison. Prenant des formes de bunker, elle semble être un instant l’ultime abri face à une nuit persistante, dont le danger est amplifié par l’utilisation de bruits (alarmes, chiens...), échos angoissants d'agressions passées ou potentielles.

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