© Rezo Films
En Afrique du Sud, quelques années après la fin de l’Apartheid, les stigmates d’un drame survenu il y a des années sont toujours présents et sont ancrés dans les rapports entre Noirs et Blancs.
Premier long-métrage d’Alain Choquart, notamment connu pour son travail de chef opérateur sur les films de Bertrand Tavernier, "Ladygrey" est inspiré par deux romans d’Hubert Mingarelli : La dernière Neige et Une rivière verte et silencieuse. C’est au pied des montagnes du Dakensberg, en pleine Afrique du Sud post-apartheid, que l’on suit tour à tour une famille française dont le père est convalescent et le fils souffre d’un léger handicap mental. Vit avec eux une jeune femme noire visiblement adoptée. Pour s’occuper du père, une infirmière anglaise, femme d’un afrikaner exploitant des Sud-Africains, vient régulièrement rendre visite à la famille. Elle est attirée par Samuel, le seul Blanc travaillant pour son mari, qui tente d’élever son unique fils d’une douzaine d’années, depuis que sa femme fut capturée et exécutée pendant des émeutes provoquées par une bavure policière. C’est ce drame, commun à l’ensemble des personnages du film, qui se pose en filigrane et régit les rapports ainsi que l’état d’esprit de cette communauté pluriculturelle.
Cette pléthore de personnages est visiblement difficile à gérer pour le cinéaste qui navigue à travers un montage très serré entre les différents protagonistes, aboutissant parfois à des ruptures de rythme assez déstabilisantes. Le liant entre chacun n’étant pas non-plus évident de prime abord, il faut une bonne heure pour que la cartographie de leurs relations s’établisse dans notre esprit. Entre temps, le récit lutte pour ne pas perdre le spectateur dans quelques lignes directrices qui sont parfois abandonnées en cours de route (la menace des chacals pour le troupeau de brebis d’Angus ou le tunnel secret de Waldo).
Le fait qu’Alain Choquart adapte ici deux romans différents explique certainement pourquoi le film s’attache à autant de personnages mais ceci dilue une tension qui peine déjà à voir le jour tant les non-dits sont mal gérés. Un film comme "Disgrace" disposait de plus de puissance évocatrice et son atmosphère rendait les tensions entre communautés beaucoup plus palpables. Au final, l’état de la situation de cette communauté portant les stigmates du fameux drame des onze de Ladygrey importe moins que les états d’âme de Mattis à tuer des animaux, seul personnage vraiment attachant du film avec Samuel, impeccablement interprété par Peter Sarsgaard. On se demande donc finalement si le réalisateur n’est pas passé à côté de son sujet.
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