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© Le Pacte

LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS

(La solitudine dei numero primi)


un film de Saverio Costanzo

avec : Alba Rohrwacher, Luca Marinelli, Martina Albano, Arianna ruban, Noirs Thomas, Victor Lomartire, Aurora Ruffino, Isabella Rossellini, Maurizio Donadoni, Roberto Sbaratto, Giorgia Senesi, Filippo Timi...

Michela pousse des cris aigus à l'importe quel moment. Alice est une petite championne de ski, que son père a tendance à pousser de plus en plus. Mathias, lui, est un garçon intelligent, mais très sauvage. Mathias et Alice deviendront des enfants, puis des ados difficiles, pourtant conscients de l'isolement dans lequel ils s'enferment peu à peu, vis à vis d'une société qui ne les comprend pas...


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Photo film

POUR : Niveau +3 - Un film culte instantané

Adaptation du roman éponyme du jeune écrivain italien Paolo Giordano, « La solitude des nombres premiers » est un petit classique instantané. Après « La bella gente », le cinéma italien, tel un phœnix de la pellicule, prouve qu'il est en train de renaître de ses cendres.

Curieusement, le film de Saverio Constanzo a été assez mal accueilli par la critique lors de sa projection à la 67ème Mostra de Venise. Jugement étrange face aux nombreuses qualités de ce long métrage. Cette grande histoire d'amour ratée aurait pu se vautrer dans le cliché et gagner haut la main le « Gérard » du pire scénario. Mais, magie du cinéma, Constanzo évite à chaque fois les pièges du manichéisme et ce dernier crée par la même occasion, une mise en scène ample et ultra maîtrisée. Le réalisateur italien filme ses personnages sur plusieurs décennies, les années 80, 90 et les années 2000. Les reconstitutions de ces époques ne sont jamais cheap et là où le cinéaste affirme son talent, c'est dans son aisance à mélanger ces époques sans perdre pour autant le spectateur en cours de route.

Ce qui fait également la grandeur de « La solitude des nombres premiers », c'est la solide interprétation des acteurs. Qu'ils interprètent des personnages de 15 ans ou 30 ans, les membres du casting force le respect. Mention spéciale à l'actrice Alba Rohrwacher et au comédien magnétique Luca Marinelli.

Aidé par une photographie froide et bleutée comme certains Argento, sublimé par une bande originale qui passe par Ennio Morricone et bifurque vers les atmosphères des premiers De Palma, « La solitude des nombres premiers » a finalement tout du film culte. Une expression un peu galvaudée il est vrai, mais qui va si bien au film de Constanzo. Le cinéphile sera flatté du début à la fin et le néophyte sera embarqué dans un déluge d'émotions fortes.

La perfection n’existe pas, mais Constanzo, sans que l'on s'y attende, vient juste de balancer un des meilleurs films de l'année. Tout simplement. Un film qui aurait mérité la note de 4, mais je garde cette note au chaud pour l'instant.


CONTRE: Niveau -2 - Chaotique


"La solitudine dei numero primi" de Saverio Costanzo était le dernier des quatre films italiens présentés en compétition au Festival de Venise de 2010, et l'on se demande bien ce qu'il pouvait faire dans cette section. Film puzzle construit autour de trois personnages (Alice, Mattia et Michela), cette "solitude des nombres premiers" parabole évidente pour désigner des marginaux traumatisés, disposant cependant d'aptitudes particulières, souffre de sa propre construction qui fait se rejoindre les deux destins de Mattia et Alice, qui n'ont finalement pas grand chose à voir l'un avec l'autre. Entre les quatre années où se déroule l'histoire, 1984, 1991, 1998 et 2008, les aller-retour sont incessants, brouillant autant les pistes qu'éclaircissant les liens entre les deux principaux personnages.

Malheureusement, tout est ici nivelé, comme raboté à un même niveau d'importance et du coup d'émotion, des brimades les plus courantes aux pires pertes, et monté en épingle à la façon d'un mauvais thriller. Les mises en parallèle sont des plus maladroites, atténuant par là même les drames qui constituent les secrets (de Polichinelle) de l'histoire. Il suffit par exemple d'écouter la musique techno du mariage, qui contraste avec le drame en train de se jouer par ailleurs dans un parc.

L'insupportable et le ridicule sont vite atteints, entre une musique « bontempi » bien peu appropriée, des images inutiles pour faire du beau (le tunnel gris huileux, le labo photo rouge vif, les buissons de l'affiche), des sauts dans le temps plus que chaotiques, des incohérences (la photographe du mariage, pas vraiment impliquée), une même actrice qui joue le même rôle avec dix ans d'écart et pas une once d'évolution, voire sur la fin de la symbolique poids lourd (la traversée de buissons dans l'appartement de la fille). En bref, un montage maladroit, un déséquilibre dans l'importance des histoires, des traumatismes dignes de la collection Arlequin, font de ce film l'un des pires de cette année 2011.

Olivier Bachelard

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