affiche film

LA SANGRE BROTA

(Blood appears)


un film de Pablo Fendrik

avec : Arturo Goetz, Nahuel Perez Biscayart, Guillermo Arengo, Stella Galazzi...

Un garçon fait l'amour avec une camarade de classe mais s'intéresse de près à la petite qui tapine en face de l'échoppe où il aide à fabriquer de l'excstasy. Son père, professeur devenu chauffeur de taxi, se demande s'il doit aider financièrement son autre fils, exilé à Houston...


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Photo film

Sex, drugs, rock n'roll... and lives

Une guitare au son sale, "crâde" comme on dit. Tout semble crâde justement dans « La Sangre Brota », à commencer par la scène qui ouvre ce film de Pablo Fendrik. Et le jeune Léandro (rôle que tient le prometteur Nahuel Perez) aux allures de rocker un brin bad boy, assez destroyed ; perdu loin des salles de concert, sa scène est les rues de Buenos Aires, crâde les rues.

En nous à la fin, on porte à l’évidence la marque du film, de ce qu’il dépeint et dénonce, transpire et transmet. Tout n’est finalement pas clair, défini : toutes les motivations, toutes les réactions, toutes les relations. Mais ce flou, cette retenue dans les explications contribuent à recréer à l’écran une réalité décousue, parfois absurde, toujours violente. Violence omniprésente même dans les rapports amoureux - entre Arturo (interprété par Arturo Goetz) et sa femme par exemple - ou sexuels : se prostituer semble naturel à une pré-adolescente pour aider sa marâtre de mère.

La première scène donne le ton du film en traduisant l’urgence et la promiscuité qui règnent dans les rues de Buenos Aires. Car la ville est le lieu unique de la vie, le lieu dédié de cette classe sociale, pauvre mais en voie de moyennisation depuis la fin de la crise financière et monétaire de la fin des années 90. Et plus que la ville, c’est la rue qui voit évoluer ces fortes personnalités. Seuls un caractère de battant et un désespoir de la vie les maintiennent dans la survie : la rue est aussi le lieu de la mort, de l’agonie.

Ce sont les liens de dépendance, d’opposition en vue de l’établissement d’une hiérarchie qui donnent toute sa force à ce second long métrage : une tension dans les rapports humains ; tension née de l’atmosphère glauque, du cadre dramatique intense, mais surtout tension vers un espoir commun. On accompagne les personnages dans leurs luttes, dans leurs haines et leurs attentes qui les font demeurer. Car c’est là leur qualité majeure, de demeurer, de persister. On comprend leurs dérives, on craint leur folie pour enfin aimer leur solidarité : on retient le message d’espoir, d’espoir en l’homme. Un film tout en sensualité, en nuances et plein d’une vie, d’une humanité souvent noire, mais aussi simplement belle : une réussite !

Auxence MOULIN
Lycée Saint-Exupéry, Lyon


2ème avis - Argentine décrépie


« La sangre brota » est certainement le meilleur film de la Semaine de la critique 2008. D'abord parce qu'il s'agit d'une oeuvre sans concession, portrait d'une famille dans laquelle la crise a immiscé l'individualité, les enfants se retournant contre leurs propres parents, dont le mode de vie aisé, n'est plus qu'un souvenir. Ensuite, parce que le traitement de l'image, dans les coloris violets, donne au tout un aspect irréel et rassurant, totalement en contraste avec le propos, d'une dureté de chaque instant.

Oscillant entre les destins du père, professeur devenu chauffeur de taxi, dont la gentillesse se heurte avec les bas instincts d'escrocs de ses clients, et celui du fils, drogué, qui après avoir flirté avec une copine de classe, se met à draguer la fille d'une voisine. Leurs interactions avec d'autres personnages, d'une mère rigide et isolée qui voudrait bien se « refaire » et conserver un certain rayonnement, à une autre qui force une adolescente à tapiner pendant qu'elle pouponne, forment un troublant portrait d'un pays dans lequel les conséquence de la crise se font encore sentir. Un film dur, dont le casting mérite toutes les louanges.

Olivier Bachelard

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