© Mica Films
Le portrait de la reine Kristina de Suède, élevée comme un garçon par son père, et opposée aux traditions luthériennes conservatrices en vigueur dans son pays. Son dialogue récurrent avec Descartes, son adhésion à la philosophie des Lumières et son amour pour une femme de la cour ne cessent de déranger les élites…
Avec la reine Kristina de Suède, on tenait là un fascinant personnage de cinéma : anticonformiste en diable, riche de par son bel esprit et son profond désir de liberté, cette femme avait tout pour être clairement ce que l’on appelle souvent une « bête à cinéma », capable de tenir un film par sa seule aura et de fournir une matière réflexive hors du commun par son caractère progressiste. Mika Kaurismäki (oui, c’est le frère aîné d’Aki) s’en est visiblement aperçu en amont, et a donc choisi de laissé de côté la pure reconstitution historique, très correcte en l’état mais relativement fauchée si l’on en juge par une production design assez minimale. Seul compte le personnage central, ici épicentre d’une adaptation de la pièce de théâtre éponyme du dramaturge canadien Michel Marc Bouchard – ici également scénariste.
On tirera donc notre chapeau à la suédoise Malin Buska, qui réussit non seulement à prendre avec brio la relève de Greta Garbo (déjà interprète de Kristina de Suède pour un film de Rouben Mamoulian sorti en 1933 !) mais surtout à incarner chaque nuance – et chaque degré d’opacité – de ce personnage atypique, fantasque et frondeur. On peut même considérer que l’on ne voit quelle, le reste n’étant au final qu’un arrière-plan de luxe, servi par de très beaux costumes et des intérieurs d’époque d’où rien ne dépasse. La mise en scène appliquée de Kaurismäki s’en tient à suivre son évolution et à la mettre en valeur. L’intérêt du film n’excède hélas pas ce parti pris. Mais comme le personnage fascine, on s’en contentera afin de ne pas nous tourner les pouces pendant la projection.
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