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Nina est persuadĂ©e que son fils va rĂ©ussir. Plus exactement, elle ne le lui laisse pas le choix. Pas assez bon en musique, les peintres nâayant jamais de succĂšs de leur vivant, le jeune Romain deviendra Ă©crivain. Et mĂȘme quand les temps seront difficiles, il pourra toujours compter sur lâamour indĂ©fectible de sa mĂšreâŠ
Adapter un monument littĂ©raire tel que "La Promesse de lâaube" Ă©tait nĂ©cessairement une opĂ©ration casse-gueule. Car au-delĂ du nombre dâannĂ©es couvertes par le bouquin et sa construction chronologique qui promettait un rĂ©sultat cinĂ©matographique trĂšs acadĂ©mique, lâĆuvre est une incroyable histoire dâamour maternel, sublimĂ©e par la prose dĂ©licate de Romain Gary. Difficile de retranscrire une telle Ă©motion en un peu plus de deux heures dâun film qui veut Ă©galement dessiner le portrait du jeune Ă©crivain.
Pour autant, Ăric Barbier va essayer de relever ce pari, en choisissant dâĂȘtre le plus fidĂšle possible au matĂ©riau originel. Sâil est facile de lui reprocher le manque dâoriginalitĂ© et lâabsence de prise de risque, il ne faudrait pas omettre de souligner la qualitĂ© et lâĂ©lĂ©gance de sa mise en scĂšne. Roman Kacew naĂźt et grandit Ă Vilna. PĂšre absent, câest sa mĂšre qui lâĂ©duque et qui le pousse Ă devenir le meilleur, Ă rejoindre un jour la France, oĂč il sera riche et cĂ©lĂšbre, diplomate et homme de lettres. Et pour que son fils achĂšve sa destinĂ©e, Nina se dĂ©voue corps et Ăąme Ă la rĂ©ussite de sa progĂ©niture.
Comme dans le roman, câest avant tout cet amour au-delĂ du raisonnable qui bouleverse. Charlotte Gainsbourg est parfaite dans ce rĂŽle de mĂšre ultra-possessive, dont les excĂšs prĂȘtent Ă rire mais dont la sincĂ©ritĂ© Ă©branle, volant largement la vedette Ă un Pierre Niney appliquĂ©. Retranscription sage, cette "Promesse de lâaube" manque dâun regard de rĂ©alisateur, dâun parti pris qui aurait pu transcender le verbe de Gary. Formellement abouti, le mĂ©trage a nĂ©anmoins le mĂ©rite dâassumer le romanesque de cette autobiographie parfois fantaisiste. Dommage quâun souffle un peu plus acide et quelques aspĂ©ritĂ©s ne soient venus fissurer ce bel Ă©crin trop poli.
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