affiche film

© Betta Pictures / Jorge Fuenbuena

LA NOVIA


un film de Paula Ortiz

avec : Inma Cuesta, Álex García, Asier Etxeandia, Luisa Gavasa, Carlos Álvarez-Nóvoa, Laticia Dolera, Consuelo Trujillo…

Au début du XXe siècle, dans un désert espagnol, un heureux mariage se prépare. Mais une vieille inconnue, surgie de nulle part, vient voir la future mariée, lui offre deux poignards de verre et la prévient : « Ne te marie pas si tu ne l’aimes pas ». Le souvenir de Leonardo, son amour d’enfance, revient alors hanter la jeune femme…


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Photo film

Une artificialité ankylosante

Commençons par applaudir le soin esthétique, et notamment le travail de Migue Amoedo (qui a bien mérité son Goya pour ce film), qui nous offre des images splendides comme celle du cortège en silhouette lors du mariage. Pourtant, cette beauté formelle (tant visuelle que sonore) semble engourdir le film, qui s’avère rapidement plus proche de l’essai artistique que du drame cinématographique.

L’oscillation permanente entre cinéma et théâtre contemporain ne fonctionne pas. Si l’œuvre de García Lorca (le film étant inspiré de sa pièce "Noces de sang") fonctionne sans doute très bien sur les planches ou à la lecture, "La novia" apporte peut-être la preuve qu’il n’est pas toujours efficace de transposer le théâtre contemporain à l’écran. Les dialogues s’avèrent souvent pompeux et artificiels, bloquant les émotions chez des spectateurs forcément déroutés par ce contraste entre la chaleur visuelle et la rigidité (voire une certaine froideur) dans la mise en scène et l’interprétation. Ainsi, la tragédie fait flop, d’autant que le montage, globalement raté, ne laisse guère la place à la montée en puissance des tourments du personnage principal (à quelques scènes près, plus efficaces). L’introduction annihile d’ailleurs tout enjeu dramatique pour le spectateur.

La volonté assumée de délaisser le réalisme va dans le même sens. Il flotte par moment un arrière-goût d’anachronisme dans les réactions des personnages ou dans l’aspect théâtral, ce qui n’aide pas à croire en cette histoire. De même, on alterne entre des non-dits excessifs (le spectateur se demandant si tel ou tel personnage est conscient ou non de ce qui se trame) et des affirmations explicites qui, au contraire, appuient bien trop les enjeux dramatiques (notamment dans la bouche de la belle-mère qui ressasse l’insoluble rivalité des familles).

Les ingrédients sont pourtant tous réunis pour nous offrir une sorte de "Roméo et Juliette" avec un côté fantastique qui est malheureusement exploité de façon décevante. Les excès de symbolisme (les ruines, la lune, le cheval, etc.), le montage qui semble partir dans tous les sens, les chuchotements régulier ou encore le ton plaintif rappellent l’insupportable romantisme mystico-puéril de Terrence Malick. Comme dans "Le Nouveau Monde" de ce dernier, la poésie en devient étouffante et lourdingue. Quant aux nombreuses chansons, elles semblent combler des vides et transforment parfois le film en une sorte de drame musical en plein désert – qui n’atteint pas la grande qualité du méconnu film australien "One Night the Moon".

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