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Suite à une terrible chute dont il ressort miraculeusement vivant, Paul Sneijder décide de changer de vie et de devenir promeneur de chiens. Mais ses proches ne voient pas ce chamboulement du meilleur oeil…
À la vue de la bande-annonce et des derniers rôles de certains anciens du Splendid, on pouvait légitimement s’attendre au pire, à une comédie caricaturale, lourde et sans autre intérêt que les pitreries burlesques de comédiens surjouant. Sauf que Thierry Lhermitte est un acteur s’étant doucement tourné vers des rôles plus dramatiques, et le film d’être bien différent de ce que laissait présager ce mauvais trailer. Les premières minutes laissent entrevoir ce que sera le reste du métrage, une longue et douce balade dans l’esprit tourmenté d’un homme meurtri. Cet individu, c’est bien évidemment le Paul Sneijder du titre, un cadre modèle à la vie bien rangée, jusqu’au jour où sa fille périt dans un accident d’ascenseur duquel il survit. Le rescapé décide alors de tout changer dans son quotidien et de devenir promeneur de chiens.
Si le choix professionnel est un vecteur comique offrant plusieurs vannes, le métrage est bien plus qu’une simple succession de gags canins. Car l’histoire est avant tout celle de ce père endeuillé dont la vie est contée dans tout ce qu’il y a de plus banal. Sa femme le trompe, ses enfants le méprisent, mais la dramaturgie s’efface derrière les yeux bleus fatigués de Thierry Lhermitte, son simple regard suffisant à titiller vos glandes lacrymales. Doucement, Thomas Vincent nous invite à plonger dans l’intimité de Paul Sneijder, son incapacité à répondre aux questions, sa dépression, sa profonde tristesse. Pourtant, malgré la blancheur des paysages enneigés et la froideur de Montréal, le film dégage une énergie solaire, un charme poétique né des différentes rencontres du protagoniste.
Comédie parfois cruelle, "La Nouvelle vie de Paul Sneijder" peut également s’appuyer sur un scénario finement écrit où les seconds rôles apportent un véritable éclairage au cheminement du personnage principal (en particulier l’amitié de Paul avec un avocat). Cette fable désabusée est une réussite scénaristique et visuelle, mais elle doit néanmoins beaucoup à Thierry Lhermitte, incroyable de justesse et de sobriété. En refusant d’intellectualiser son propos et de nous abreuver des traditionnels poncifs psychologiques sur la reconstruction, le réalisateur réussit son pari : émouvoir aussi bien que divertir, en prenant le temps d’esquisser la détresse d’un homme en quête de liberté, et de lui-même.
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