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© UGC Distribution

LA MELODIE


un film de Rachid Hami

avec : Kad Merad, Samir Guesmi, Renély Alfred, Shirel Nataf, Slimane Dazi, Tatiana Rojo…

Un violoniste émérite se voit catapulté dans une classe turbulente de cinquième de banlieue parisienne. Assistant à la cacophonie qu’il règne en classe et n’étant pas rompu aux méthodes d’enseignement, il commence à regretter ce contrat. Un élève se démarque cependant et montre son envie de jouer même s’il ne fait pas parti du programme. Le violoniste aura la bonne idée de l’intégrer...


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POUR : Niveau +2 - Une sympathique et optimiste comédie dramatique sur le pouvoir fédérateur de la musique

Dix ans après son premier long-métrage "Le Choix d’aimer" (avec Louis Garrel et Leïla Bekhti), Rachid Hami reviens avec un scénario signé de la main de Guy Laurent, scénariste ayant entre autres accouché des scripts des comédies de Philippe Chauveron ("L’Amour aux trousses", "Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu", "A Bras ouverts"). Que les réfractaires se rassurent, le script de "La Mélodie" est beaucoup plus mesuré que ceux où il s’associe au réalisateur de "Débarquement immédiat". A l’arrivée, "La mélodie" lorgne plus du côté des "Choristes".

Kad Merad incarne Simon, un violoniste en fin de carrière et quelque peu désabusé car, faute de mieux, il se retrouve à devoir apprendre le violon à une classe de collégiens peu habitués aux mélodies classiques et encore moins à la pratique d’un instrument de musique. Il est d’ailleurs agréable de voir l’acteur (souvent décrié pour ses rôles comiques) être si à l’aise dans ce registre plus dramatique et loin de l’enthousiasme de ses habituelles partitions. Celui qui endosse le rôle de l’optimiste, c’est Samir Guesmi (révélé par "L’Effet aquatique" et "Camille Redouble"), le professeur à l’origine de l’initiative. Son ambition : emmener les enfants à l’orchestre philharmonique d’ici la fin d’année. La tâche s’annonce rude car les élèves sont extrêmement dissipés et peu enclins à se donner à 100% surtout lorsqu’un ou deux éléments perturbateurs s’y mettent. Simon n’étant pas rompu à l’exercice d’enseigner à des jeunes de ZUP s’y reprendra à deux fois.

Rachid Hami marche sur les mêmes platebandes que les films sur l’éducation en banlieue tels qu’"Entre les murs", "Les Héritiers". Si les débuts sont chaotiques et difficiles dans les rapports entre enseignants et élèves, ils finissent en liens forts lorsque la communication et la confiance s’installent autour d’un projet commun. C’est l’essence même du discours de "La Mélodie" qui vient appuyer le fait que si la musique adoucie les mœurs, elle a également le pouvoir de fédérer. L’autre aspect du film est de tenter de briser l’emprisonnement social dont font face certains jeunes par rapport aux activités connotées à des catégories sociales dites plus élevées. Sur ce point, même si Rachid Hami et son casting parviennent à nous attacher aux destins de ces enfants et surtout à celui d’Albert, le film pèche par excès d’optimisme quant à la capacité d’apprendre un instrument aussi compliqué et rendre une performance finale aussi réussie. On dira que c’est grâce à la magie du cinéma.


CONTRE : Niveau -1 - Une production française dégoulinante de bons sentiments


Présenté Hors compétition au dernier Festival de Venise, "La Mélodie" est un film aux bonnes intentions tellement évidentes qu’elles se transforment progressivement en un flot dégoulinant de bons sentiments mâtinés d’incohérences que l’on ne cherche plus à dissimuler. Dans le fond profondément représentatif du manque d'audace qui plombe les cinémas français et américain actuels, cette production lorgne du côté de la Palme d’or "Entre les murs", sans en avoir ni le casting ni la qualité d'écriture ; et de nombreux autres films d'accomplissement, caressant les spectateurs dans le sens du poil. Censé être un feel good movie, le film contentera peut-être les spectateurs les moins exigeants, avec cette histoire cousue de fil blanc qui ne s’embarrasse pas des détails pouvant entraver son développement.

Faisant une nouvelle fois des professeurs, des élèves et des parents, des héros du quotidien, portant un message devenu facile sur la sortie d’un milieu et le dépassement des barrières sociales, le scénario ne cesse d'emprunter chaque raccourci (souvent incongru) possible pour résoudre le moindre problème ou conflit. Le professeur de violon de cette classe difficile doute et s'en prend un peu violemment à un élève ? Pas de problème, il va sonner direct, sans transition aucune, chez les parents pour présenter ses excuses. Les enfants sont lamentables à la première répétition commune avec une autre école ? Pas de souci, ils vont aller directement jouer au conservatoire devant un public, sans qu'aucune autre répétition n'ait lieu ! Cela aurait pu être une ellipse, mais non, le scénario assume son incohérence jusque dans les dialogues, ne s'embarrassant d'aucune invraisemblance.

Côté interprétation, Kad Merad, s’il a le mérite d’avoir appris le violon, revêt un rôle apathique au possible, et compose un personnage « symbole » qui agace très rapidement. Heureusement Samir Guesmi sonne juste de bout en bout, et les jeunes acteurs en herbe ne déméritent pas, montrant un véritable enthousiasme. Reste que "La Mélodie", premier film de Rachid Hami, résonne comme une œuvre trop pédagogique, cumulant trop de clichés sur une culture inaccessible et élitiste, et élude les vraies difficultés devenant bien vite indigeste. Loin d’un "Billy Elliott" ou du "Marvin" qui sortira dans quelques semaines, le film paraît décidément d’un autre temps.

Olivier Bachelard

08-11-2017

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