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Perdue dans les montagnes de Mongolie, vit une petite famille dont le père est un dresseur d’aigles averti, souvent primé au concours national des meilleurs dompteurs de rapaces. Ce métier d’hommes, Aisholpan rêve de l’exercer depuis l’enfance. La jeune fille, assistée de son père, va donc se lancer dans le dressage d’un aiglon face aux réticences des anciens…
Il sort chaque semaine, souvent discrètement, des films documentaires à la pelle sans que l’on se presse dans les salles obscures pour aller les voir. "La Jeune Fille et son aigle" mérite indubitablement le détour. Cet incroyable documentaire tire le portrait d’une famille mongole nichée dans une yourte au cœur des montagnes et qui vit en pleine harmonie avec la nature. C’est si vrai que cette famille perpétue de génération en génération la chasse à l’aigle : une technique qui voit l’homme dresser le majestueux rapace pour former un duo de chasseurs hors-norme ! Et quand on précise ainsi l’homme, c’est uniquement parce qu’aucune femme n’a jamais tenu ce rôle, le chasseur à l’aigle étant une coutume enseignée aux garçons de chaque famille. Pourtant l’une d’entre elles va aujourd’hui briser la tradition et transmettre cet héritage… à une jeune fille.
"La Jeune Fille et son aigle" est un témoignage de plus sur l’émancipation de la femme qui intervient aux quatre coins du monde, y compris dans des contrées reculées traditionnellement patriarcales, comme c’est le cas ici dans les familles nomades de Mongolie. L’égalité des sexes, l’accession de la femme à des métiers d’homme, voilà des sujets auxquels ces populations ne sont pas habituées et les témoignages recueillis auprès des sages, chefs de famille ou dresseurs d’aigles, en sont de parfaites illustrations. L’incongruité qu’ils révèlent de par leur côté « vieilles paroles d’antan à mille lieues de la réalité sociétale d’aujourd’hui » prête forcément à sourire, sans vouloir leur manquer de respect. Ces aînés restent pied au plancher dans le passé ou le folklore et n’ont juste plus l’âge de se tourner vers une autre modernité…
La modernité est donc incarnée par Aisholpan, une jeune mongole de 13 ans, qui a très tôt rêvé de faire comme son père : dresser des aigles à la chasse aux renards. Le film suit donc l’incroyable destin d’Aisholpan, première femme dresseuse d’aigle ! Le réalisateur découpe alors son documentaire en quatre parties : d’abord la capture de l’aiglon suivie des premiers contacts entre la jeune fille et le rapace, vient après l’apprentissage des rudiments de chasseurs suivi de la préparation au concours national des dresseurs d’aigles, ensuite la compétition en elle-même où Aisholpan se retrouve seule fille face aux meilleurs dompteurs de rapaces, et enfin la chasse en milieu naturel. "La Jeune Fille et son aigle" n’oublie donc aucun passage de cette « histoire historique » pour cette nation !
Et il en sort un film qui n’est finalement plus trop documentaire, tant le spectateur est transporté dans un film d’aventures, aux magnifiques paysages et vues aériennes, au suspense insoutenable, à la tension palpable… L’histoire et les personnages principaux sont dignes d’une grande fiction sauf qu’Aisholpan et son aigle existent bel et bien et que toute cette histoire est vraie. On sort de la projection enchanté, dépaysé et ravis d’avoir été les témoins privilégiés de cet étonnant et stupéfiant récit qui parlera aux plus jeunes tant elle pourrait être une histoire que l’on raconte aux petits avant d’éteindre la lumière de la lampe de chevet… Plus qu’une simple histoire vraie, un magnifique conte sur une fille courageuse qui croyait en ses rêves !
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