© 31 Juin Films
Alors que Nouk tente de mettre fin à ses jours dans un lac gelé, Samuel se jette à l’eau et la sauve. Ils deviennent amants et emménagent ensemble à Paris. Mais Samuel perd la vie dans un accident de Vélib’ et à cause d’une bête faute de frappe sur son nom, il se retrouve coincé dans un entre deux, un monde entre la vie et la mort…
Certes, on peut saluer la fraîcheur qui se dégage de ce deuxième long métrage d’Aurélia Georges, après "Le Bel homme qui marche" (2007), dans lequel prédomine un esprit d’indépendance total et où jaillit une belle volonté de créativité. On peut même louer son audace rendant hommage à des cinéastes comme Jean-Claude Brisseau – on pense à sa "Fille de nulle part" – ou Valérie Donzelli – et son premier long "La Reine des pommes". On peut enfin être charmé par les thèmes qu’aborde le film : des sujets universels et aussi vastes que la vie et la mort, l’amour et le couple.
Mais que retient-on du film ? Au final pas grand-chose. Le spectateur reste trop distant de cette histoire qu’il lâche en cours de route, la faute à une réalisation un peu trop austère pour capter son attention. Alors, certes, il restera quelques beaux moments comme cette arrivée aux portes du Paradis où on annonce à Samuel qu’il va devoir patienter un peu dans un entre deux mondes en attendant que l’Administration corrige l’erreur faite dans son nom, afin de l’accepter au plus tôt dans le Royaume des cieux ! L’humour à la Jacques Tati n’est pas loin et Aurélia Georges arrive à créer un univers fantasque, surréaliste et qui fonctionne parfaitement dans l’imaginaire du spectateur. Puis, quand on remet les pieds sur terre, on est beaucoup plus gêné et ennuyé, l’histoire se perdant dans des déambulations, des séances théâtrales en groupe, noyant le conte dans du vide narratif alors qu’il avait plutôt bien commencé.
Les personnages, en outre, sont à peine esquissés et le spectateur a un peu de mal à les comprendre et à ressentir leurs émotions. Guillaume Allardi, pour son premier grand rôle, ne convainc pas vraiment. Physiquement d’un autre siècle, avec son air de poète dans la lune et sa coupe des années 80, il n’insuffle pas beaucoup de modernité à son rôle et semble davantage (bien) lire son texte plutôt que le vivre. Sabrina Seyvecou ("L’Arbre et la forêt", "Cloclo") est quant à elle plus à l’aise, mais c’est son personnage – opaque – qui ne lui permet pas de briller réellement.
"La Fille et le fleuve" a été présenté à l’Acid au festival de Cannes 2014. Cette sélection est un tremplin pour de nombreux films qui n’ont pas encore de distributeur et qui grâce à cette visibilité peuvent trouver le chemin des salles françaises. Sera-ce le cas pour cet objet filmique non identifié ? La question reste posée…
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