© Haut et Court
Dans son hôpital de Brest, la pneumologue Irène Frachon découvre un jour un lien direct entre des décès suspects et des ordonnances ayant pour point commun la prise d’un médicament commercialisé depuis 30 ans : le Mediator. C’est pour elle le début d’un long combat pour faire triompher la vérité sur les dangers entourant ce médicament, mais aussi le début d’une longue bataille juridique et médiatique qui mettra beaucoup de destinées à rude épreuve…
Le problème entourant ce genre délicat qu’est le « film-dossier » est toujours le même : que peut bien apporter le 7e Art si le but consiste exclusivement à s’en tenir aux faits sans les englober par un point de vue de mise en scène ? Dans le cas de la très médiatisée affaire du Mediator, on a bien du mal à trouver ne serait-ce qu’un seul argument pour contrer cette logique, étant donné qu’à peu près tout a déjà été révélé par les médias et (surtout) le livre d’Irène Frachon, dont le film retrace ici en détail le parcours de combattant face aux laboratoires Servier. À peine revenue d’une belle aventure cannoise suite au succès critique de "La Tête haute" et du Prix d’interprétation reçu pour "Mon Roi", Emmanuelle Bercot n’aura pas perdu de temps pour mettre en boîte cette histoire, et hélas, ça se voit.
Ceux qui espéraient guetter de la mise en scène là-dedans peuvent d’ores et déjà s’attendre à roupiller tranquillement pendant deux bonnes heures en attendant un plan final fabuleux : on y verra alors l’héroïne répondre au téléphone alors qu’elle se retrouve dans la grande porte coulissante d’une grande surface et, vu l’importance de l’appel en question, finir par marcher en boucle dans cette porte coulissante et ne sortir à l’extérieur qu’une fois l’appel terminé. Une vraie idée de mise en scène, traitée dans un beau travelling, qui illustre en soi la détermination et l’obsession de cette femme courageuse durant cette périlleuse affaire. C’est bien là la seule idée de mise en scène que l’on pourra relever dans ce film, le reste se limitant à une simple chronologie des faits. Au passage, merci à Bercot d’avoir pris soin d’indiquer les dates en bas à gauche de l’écran. S’en tenir à travailler le montage pour mieux faire ressentir l’écoulement du temps n’aurait-il pas été une bien meilleure idée ?
La déception se ressent aussi pour ce qui aurait dû être l’atout principal du film, à savoir le jeu de son actrice principale. L’auteur de ces lignes ne connaissant pas personnellement la véritable Irène Frachon, on se laissera ici aller à un regard très critique sur l’interprétation de Sidse Babett Knudsen. Césarisée à très juste titre cette année pour "L’Hermine", l’actrice installe le doute sur la crédibilité de son jeu en donnant souvent l’impression d’en faire trop, comme en témoigne la fausseté inouïe de ses crises d’hystérie en plein hôpital (on a moins l’impression de voir une indignée qu’une aliénée). Doit-on y voir une force d’incarnation au-dessus de tout ou une forme de cabotinage excessif qui tend vers l’hystérie carabinée ? On vous laissera juges. En tout cas, sa prestation n’est pas suffisante pour élever "La Fille de Brest" au-dessus du simple film-médiateur, avant tout destiné à des néophytes pour qui le mot « Mediator » n’évoquerait strictement rien.
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