© 20th Century Fox France
Le terne quotidien de Wendy et John, frère et sœur qui se fréquentent peu, est bouleversé le jour où ils se retrouvent obligés de prendre en charge leur vieux père, dément, et de lui trouver une maison de retraite…
« La famille Savage » démarre sur le ton d’une comédie légère et un rien méchante. Nous sommes à Sun City - Arizona, sorte de Disney Land pour seniors argentés. Il fait très beau, le ciel est bien bleu, papis et mamies font leur gym matinale en groupe, d’autres vaquent à leurs occupations en voiturette de golf. La ville est une succession de beaux pavillons bien entretenus où personnel de maison, jeune et dynamique, s’occupe de leurs vieux employeurs. Dans ce petit monde tout lisse, un vieil homme irascible perd la tête et sa compagne décède.
Wendy et John, les enfants du vieux monsieur, sont appelés à la rescousse mais ont bien du mal à prendre la situation en main. En effet, ils n’ont jamais vraiment été proches de leur père qui les a peu aimé et vite perdus de vue. Qui plus est, le père a peu de moyens et la belle-famille héritière des biens de sa veuve le met tout simplement à la porte pour vendre au plus vite le pavillon de Sun City !
Le fils décide alors de retourner à Buffalo dans le nord des Etats-Unis pour trouver une maison de retraite adaptée à leurs moyens. Le contraste entre Sun City, qui porte bien son nom, et Buffalo est tout à fait frappant : soleil, ciel bleu et luxe sont instantanément remplacés par un ciel gris plombé, de la neige et un hospice déprimant qui sent l’urine… Pour tout arranger, Wendy et John n’ont pas exactement des vies heureuses… Wendy est une artiste coincée dans des missions d’intérim à répétition et amante de son voisin de pallier quinquagénaire marié ; et John est un prof de fac spécialisé dans des sujets tout à fait obscurs qui n’arrive pas à obtenir de bourse de recherche et qui patauge dans une relation amoureuse avec une polonaise sans papiers sommée de quitter le pays parce que John ne veut pas l’épouser pour des raisons fumeuses !
« La famille Savage », c’est donc de la grande cuisine : c’est fin, subtil et construit. Au-delà du thème apparent de la prise en charge des personnes âgées et dépendantes, c’est toute une histoire de famille que Tamara Jenkins dévoile par petites touches. Partant de la même situation originale, leur enfance négligée, chacun des deux enfants a développé un caractère propre et réagit à sa façon face à ce père dérangeant qui surgit du passé et chamboule leur quotidien.
Malgré un sujet difficile et des personnages en difficultés, le film est tout sauf misérabiliste et larmoyant. Il est même souvent drôle, doté d’un humour piquant qui surgit à des moments totalement inattendus et crée des situations croustillantes. Le film est également poétique et touchant avec une dernière scène épatante. Le jeu des acteurs finit de parfaire cette œuvre. Laura Linney, Philip Seymour Hoffman et Philip Bosco sont criants de vérité dans leurs rôles. Les multiples nominations, entre autres aux Golden Globes, Oscars et nombres de festivals, confirment leur immense talent salué par toute la profession.
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