© Wild Bunch Distribution
Dany est une jeune fille rangĂ©e qui rĂȘve de voir la mer. Un jour, son patron (dont elle est secrĂštement amoureuse) lui demande de venir dormir chez lui afin de taper un rapport urgent dont il a besoin pour une rĂ©union Ă GenĂšve. Le lendemain, celui-ci lui demande Ă©galement de conduire sa voiture pour lâemmener, avec sa femme et sa fille, prendre son avion. Sur le chemin du retour, Dany bifurque subitement direction Cannes pour rĂ©aliser son rĂȘve, mais sur la route, une jeune fille qui lui ressemble Ă©trangement semble lâavoir prĂ©cĂ©dĂ© Ă chacune des ses Ă©tapesâŠ
Une image veloutĂ©e soulignĂ©e par les plus grands standards de la Soul, des plans construits en mosaĂŻque, des mini-jupes Ă©lĂ©gantes rĂ©vĂ©lant des jambes tĂ©lescopiques perchĂ©es sur des plateform shoes⊠Rien nâest laissĂ© au hasard pour que cette dame dans une auto avec des lunettes et un fusil Ă©voque magnifiquement une ambiance seventies des plus raffinĂ©es. Loin dâĂȘtre une copie parodique dâun style qui a mariĂ© nos parents, le cinĂ©ma de Yoann Sfar sublime avec voluptĂ© lâinsouciance dâune Ă©poque qui ne connaĂźt pas encore la crise. De lâhomme dâaffaire charismatique Ă la secrĂ©taire sexy en passant par le sĂ©ducteur italien impeccable dans son costume trois piĂšces, chaque personnage dĂ©gage un potentiel vintage qui nous ferait regretter lâavĂšnement du minitel.
Malheureusement ce bel Ă©crin se rĂ©vĂšle bien vite ĂȘtre une coquille vide. Lâambiance Ă©nigmatique des premiĂšres minutes promettant un thriller digne du grand Alfred, se distille au fil de la nationale 7 en polar de seconde zone. En effet, Ă trop vouloir filmer lâinterminable paire de jambe de la demoiselle, Joann sfar en oublie la crĂ©dibilitĂ© de son scĂ©nario. Le film tarde Ă dĂ©raper dans le cĂŽtĂ© sombre et les dĂ©tails troublants sâenchaĂźnent sans transitions rĂ©ellement crĂ©dibles. La jeune fille, victime dâĂ©vĂ©nements pour le moins traumatisant, paraĂźt rarement troublĂ©e par la tournure dramatique que prend son petit road trip improvisĂ© et elle continue sa route comme si de rien Ă©tait. Quant au dĂ©nouement tant attendu qui explique le pourquoi du comment dâune telle affaire, il est rĂ©vĂ©lĂ© rapido presto en parallĂšle de la scĂšne finale, survolant allĂšgrement les dĂ©tails les plus bancales de cette histoire de faux semblants.
Sur le papier pourtant, « La Dame dans lâauto avec des lunettes et un fusil » Ă©tait prometteur. AdaptĂ© dâun roman de SĂ©bastien Japrisot, le film prĂ©sageait dâĂ©galer dâautres adaptations du romancier-scĂ©nariste telle que « Compartiment tueur », « Un long dimanche de fiançailles », voire lâexcellent « LâĂtĂ© meurtrier » de Jean Becker. Malheureusement ici la mayonnaise ne prend pas, tant le film souffre dâune narration chaotique et dâune interprĂ©tation sans grand relief. Freya Mavor a beau avoir un physique de rĂȘve, elle ne trouve jamais le bon ton pour incarner un personnage piĂ©gĂ© dans une spirale infernale. Une erreur de casting qui sâavĂ©rera fatale vu que toute lâhistoire repose sur son personnage. Un film quâon oubliera vite dans la carriĂšre du talentueux Yoann Sfar qui jusquâĂ prĂ©sent nous avait Ă©merveillĂ© avec « Gainsbourg, vie hĂ©roĂŻque » et lâadaptation de son chef dâĆuvre en bande dessinĂ©es : « Le chat du Rabbin ».
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