© UGC Distribution
« Mitraillette » est un jeune ado de 12 ans, vivant dans une banlieue parisienne, la Cité rose, où tout le monde se connaît. Inséparable de son pote « La crête », il partage son temps entre les bancs de l’école et les terrains de la cité, où il retrouve ses cousins. Son quotidien est ponctué de descentes de flics et de trafics de drogues, mais lui, à son âge, est encore loin de ces problèmes, et souhaite juste embrasser la plus belle fille de l’école. Malheureusement, les petites combines du quartier vont le rattraper…
Très inspiré par les projets de Fernando Meirelles, "La Cité de Dieu" et la série "La Cité des Hommes", s’attardant sur le quotidien d’enfants dans les favelas brésiliennes, Julien Abraham souhaitait mettre en scène le quotidien de jeunes d’une banlieue française, pour un format télévisuel. Malheureusement, son pilote ne suscite l’engouement d’aucune chaîne. Ne lâchant pas son idée, il transforme alors sa matière première en scénario de long-métrage. Une fois le financement trouvé, il reprend une grande partie de la distribution de son précédent essai, et c’est ainsi que débute le tournage de "La Cité rose". Le postulat initial n’a pas changé, et la caméra va suivre le destin de « Mitraillette », un bambin de douze ans, qui a toujours grandi entre les murs des HLM de ce quartier de Seine-Saint-Denis. Nous racontant son histoire, le long-métrage se structurant sous la forme d’un très long flash-back, cet ado nous balade des salles de classes aux coins mal famés de la cité, où la drogue et les armes à feu circulent quotidiennement. Néanmoins, il ne s’agit pas de faire un énième bilan alarmiste de ces zones urbaines. Bien au contraire, le réalisateur nous offre une comédie dramatique pétillante et rafraîchissante, bottant en touche tous les clichés pour nous offrir une vision amusante et positive.
Sur un rythme effréné, le réalisateur nous promène du récit enfantin au polar, des blagues de mômes aux histoires de gangsters, de la comédie au drame, avec une facilité déconcertante. Sa vision emplie d’honnêteté et de bonnes intentions offre un point de vue salvateur sur le quotidien de ces jeunes. Pour autant, Julien Abraham ne nous épargne aucune violence, mais il resitue ce phénomène de criminalité comme étant marginal, comme un poison qu’il faut combattre. La pellicule déborde d’énergie et d’enthousiasme, en particulier grâce à ce casting impeccable, les petits comme les grands étant parfaits. Le scénario solide permet de jouer habilement avec différentes nuances, de faire côtoyer les rêves et les amourettes d’enfants, avec les armes des caïds, sans pour autant tomber dans le manichéisme ou le moralisme écrasant. Et pour les amoureux du rap, ceux-ci devraient être ravis des compositions inédites qui accompagnent le film, avec notamment des morceaux de Youssoupha et Soprano.
"La Cité rose" nous plonge au cœur d’une communauté où la diversité prime, autant de variétés qui vont permettre au cinéaste de s’intéresser à des thèmes comme la réussite sociale, le choc des cultures, la religion, l’influence des aînés. Si le film insiste lourdement sur son désir de nous inculquer quelques leçons de vie, ces défauts sont vite écartés grâce aux acteurs terriblement attachants. La mise en scène électrisante magnifie ces mômes, et il est bien difficile de ne pas se prendre au jeu de cette bonne humeur communicative. Mais les drames encourus par les protagonistes n’oublient pas de nous tirer la larme à l’œil. Pour un premier long-métrage, Julien Abraham réussit le coup presque parfait. Il ne lui reste plus qu’à confirmer sur un sujet qu’il maîtrisera moins. Wait and see !
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