© Bellissima Films
Alors que Suzanna et son mari viennent tout juste de s’installer dans leur propriété privée pour l’été, celle-ci est choquée par une scène de violence dont elle est témoin en rentrant des courses. Sur le bord de la route, elle assiste à l’humiliation de Nadja, une jeune prostituée. Suivant ses propres idéaux, Suzanna vole alors à son secours et décide de l’aider en la prenant sous son toit. Mais que se passe t-il quand nos belles valeurs font face à la réalité ? C’est l’expérience à laquelle cette famille italienne va être confrontée...
Après « Ultimo Stadio » (2002), « La Bella Gente » est le deuxième long métrage réalisé par Ivano De Matteo. Sur fond de cynisme, il dépeint le tableau réaliste d’une bourgeoisie de gauche qui aimerait bien se voir sauver le monde au quotidien. Au-delà de la cause politique, « La Bella Gente » est avant tout un film qui parle de l’homme, « l’homme sans l’idéologie » nous dit son réalisateur.
De fait, l’histoire est concentrée autour des personnages et l’évolution de leurs sentiments -et a priori - concernant Nadja. Cette jeune prostituée, recueillie de force par cette famille italienne aux belles idées et à l’ouverture d’esprit annoncée, déambule pendant tout le film dans un univers qui n’est pas le sien. Une fois passée la minute « sauveur » où la mère, Suzanna, la prend en pitié, la réalité s’impose froidement et les jolis principes volent en éclats. Derrière l’altruisme et le respect de l’autre se cachent jalousie et égoïsme, et la pauvre petite enfant devient alors une menace pour l’équilibre du foyer. L’ambigüité entre volonté de donner et désir de garder, est forte. Suzanna donne et reprend tout.
Qu’aurions nous fait à sa place ? Que ferions-nous ? C’est ce à quoi Ivano De Matteo tente de nous faire réfléchir, aidé par des dialogues cyniques, des répliques cinglantes, un humour « borderline » dont on se voit en rire. Ici, c’est aussi notre propre réalité qui nous est durement renvoyée.
Grand prix au festival du film italien d’Annecy en 2010, « La Bella Gente » possède un scénario qui tient la route, à quelques détails près toutefois. Par exemple, Suzanna travaille dans un centre d’accueil pour femmes battues, mais l'on a alors du mal à croire qu’elle prendrait de telles responsabilités personnelles alors que professionnellement, elle aurait des clés et d’autres types de réponses. Car au final ce « sauvetage » ressemble plus à enlèvement. Nadja est en effet emmenée de force au tout début du film pour être protégée ou plutôt mise en cage. Et cet acte est tout aussi violent que celui de l’homme qui la frappe sur le bord de la route. « Sauver un homme malgré lui, c’est quasiment le tuer » nous dit Horace, et c’est ici le point de départ de la chute qui s’en suit.
On pourra aussi regretter des personnages un peu trop stéréotypés, avec le couple bourgeois, la cinquantaine, amoureux comme au premier jour. On remarque d’ailleurs ici une analogie frappante avec le film de Mike Leigh « Another Year », sorti fin 2010. Pour les accompagner, le couple d’amis, blindé, aux remarques limites parfois racistes, le fils, prototype de l’italien séducteur et sa copine la blondasse fortunée, viennent confirmer que les clichés ne sont pas mis de côté. Mais après tout, cela sert plutôt bien l'ensemble du propos. Car derrière tout cela, se cache aussi un peu de réalité et un peu de nous tous. A la fin du film, on reste bras ballants à se demander : qu’aurai-je fait ? Il est toujours bien agréable d’avoir de belles idées, de faire de belles actions… Oui, tant que cela ne fait pas trop d'ombre sur notre beau tableau.
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