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Chine, 1946. La guerre civile fait rage depuis la capitulation du Japon. Hawk commande une troupe d’hommes qui font régner la terreur dans le nord-est du pays et a établi son repaire dans une forteresse armée et sécurisée, située au sommet de la montagne du Tigre. L’Armée de Libération se confronte un jour aux hommes de Hawk et décide alors de les combattre. Pour cela, l’un d’eux, Yang, officier de reconnaissance, est chargé de jouer les infiltrés…
Les années passent depuis cet uppercut filmique qu’avait constitué "Time and Tide" au début des années 2000. Depuis, on ne sait plus trop quoi penser de la carrière de Tsui Hark, génie hongkongais ayant toujours du mal à sidérer et à révolutionner le 7e art comme il l’avait déjà fait dans tant de films marquants – "The Blade" en tête. Après deux "Detective Dee" qui n’ont pas manqué de diviser (le premier était bancal, le second était fabuleux), Hark risque fort d’obtenir un accueil plus ou moins similaire avec sa nouvelle fresque à gros budget, déjà bien moins virevoltante que ses précédents travaux, mais surtout à des années-lumière d’un style unique en son genre qui en avait fait le fer de lance d’une Nouvelle vague chinoise. Ici, on est plutôt dans un genre de plus en plus en vogue en Chine, soit le récit patriotique à vocation commémorative, que l’on s’imagine supervisé par l’exécutif de Xi Jinping et qui aura valu une reconnaissance internationale à tant de cinéastes du coin qui n’en méritaient pas tant (de Chen Kaige à Zhang Yimou, la liste est longue).
On est pourtant surpris de voir le film démarrer dans le New York de 2015, qui plus est au beau milieu d’un karaoké entre amis et d’un embouteillage urbain sous la neige, juste avant qu’un raccord brutal nous ramène en 1946 sans crier gare. Il faudra attendre la dernière scène pour saisir la logique – somme toute très prévisible – de ce montage et assimiler la portée commémorative du propos. Entre temps, Hark livre un film exclusivement stratégique, qui se focalise sur la préparation de l’attaque d’une forteresse imprenable sur une montagne enneigée. Le cinéaste maîtrise toujours son découpage, ose quelques idées visuelles très sympathiques (notons une belle utilisation du ralenti dans la première scène d’assaut) et construit de beaux cadres sous inspiration de l’opéra chinois, mais il oublie ici le plus important : le rythme. Faute d’une narration trop linéaire et d’un montage trop mollasson, le film ne nous captive jamais, multipliant les longueurs et les personnages – plutôt bien caractérisés pour la plupart – jusqu’à un dernier quart d’heure qui fait timidement parler la poudre.
En définitive, on ne sent plus ici l’approche chaotique du monde et du langage cinématographique qui faisait de Tsui Hark un authentique révolutionnaire du 7e art. Sans que l’on sache si cela résulte d’un désir de sobriété ou d’un calme imposé pour une production de cette ampleur, le cinéaste échoue ici à nous immerger dans son intrigue. Sans être un échec pour autant, "La Bataille de la Montagne du Tigre" est simplement à l’image de ces nombreuses superproductions chinoises conçues, en majeure partie, pour flatter l’héroïsme national sans chercher à le bousculer dans ses croyances et ses habitudes. Et de la part du cinéaste de "The Blade", la pilule est quand même un peu dure à avaler…
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