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Spike Lee filme les 24 dernières heures de liberté de Monty Brogan (Edward Norton), dealer new-yorkais. Celui-ci va en effet entrer en prison pour sept longues années après une perquisition dans son appartement. Mais le problème est qu'il ne sait pas qui l'a dénoncé. Il s'apprête donc à dire adieu à une vie de faste où il avait quelque peu perdu prise avec la réalité; il s'est en effet éloigné de ses amis, de son père et est passé à côté de l'amour de sa fiancée 'Naturelle'. C'est donc pour Monty le temps de la remise en question, de faire un point sur ses relations et de renouer avec ses proches…
On reconnaît bien la touche de Spike Lee dans son nouveau film. Il y a toujours ce côté militant qui cherche à se remettre en perspective, lui et la société qui l'entoure. Une fois de plus il porte un regard assez sombre sur celle-ci. Les 24 dernières heures de Monty (E. Norton, génial, une nouvelle fois) sont le temps du doute, mais aussi des choix. Il comprend que dans ces moments cruciaux il n'a que peu d'amis sur qui compter. C'est donc pour lui l'occasion de regarder la société qui l'entoure avec un nouveau regard.
Il est à noter que La 25ème heure est le premier film à intégrer des images de Ground Zero. Ainsi il commence sur les faisceaux lumineux pointés vers le ciel pour symboliser les Twin Towers. Et c'est en cela que le film est intéressant : on peut voir une analogie entre la vie de Monty et la société américaine qui doit se remettre en question après le 11 septembre 2001. Le long monologue du héros devant une glace, commençant chaque phrase par " I fuck… " est significatif du parti pris de Spike Lee. Son héros envoie ainsi se " faire foutre " toutes les minorités américaines ainsi que ses amis Slaughtery (Barry Pepper) et Jakob (Philip Seymour Hoffman).
Cela est peut-être la clé du film et de la vision du réalisateur : à l'instar de son personnage l'Amérique ne respecte pas ses minorité alors que ce pays s'est créé grâce à celles-ci. C'est dans l'épreuve que le personnage comprend qu'elles n'ont rien à voir avec son malheur et que le problème réside en lui-même et lui seul. Il a tout gâché à cause de son avidité et les autres n'y sont pour rien. Les symboles sont nombreux avec par exemple plusieurs plans sur Ground Zero en pleine reconstruction, avec des bulldozers ; les amis de Monty avec Slaughtery en Golden Boy qui voit Wall Street comme une salle de jeu, et Jakob en professeur inhibé et timide qui se perd dans ses propres illusions…
Finalement Spike Lee se pose une question : est-ce que l'Amérique doit fuir la réalité en se racontant des histoires à l'instar de ce magnifique final qui évoque l' " American Dream ", ou doit-elle affronter la réalité telle qu'elle est, comme ce personnage qui doit faire un choix crucial face à son destin pourtant scellé. Le nouveau Spike Lee est donc un film touchant, qui pose le problème de la destinée, des choix que l'on fait dans la vie. Il s'inquiète du devenir de son pays et il clôt avec en générique de fin " The Fuse " de Bruce Springsteen qui parle du 11 septembre 2001 et qui pose cette même question : où vont les USA ?
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