© Paradis Films
Après avoir découvert une photo du camp de Buchenwald sur lequel un déporté ressemble étrangement à son père, un jeune homme part à la recherche de ses racines et d’une vérité qu’on lui a longtemps dissimulée…
Il aura fallu attendre huit ans pour qu'Élie Chouraqui revienne sur grand écran. Ce retour, à défaut d'être attendu, suscite au moins de la curiosité. Son précédent film, la comédie “Celle que j'aime”, était en effet très médiocre, c'est pourquoi on ne pouvait qu’espérer mieux. Rassurez-vous : c'est le cas !
Si "L'Origine de la violence" devait renvoyer à un autre film du cinéaste, ce serait "Harrisson's flowers", drame où l'amour et la guerre cohabitent tragiquement. Mais ici, difficile de traiter un sujet plus sombre puisque Chouraqui s'attaque à la Shoah. Un homme va peu à peu découvrir l'histoire de sa famille, déterrer le passé pour exorciser ses démons, tenter de comprendre la violence qu'il retient sans cesse en lui, violence qui trouve ses racines dans de sombres secrets de famille. C'est donc une intrigue digne d'un roman policier, où la vérité, à mesure qu'on la découvre, se fait de plus en plus implacable. Le rythme de ces révélations est très efficace, nous plongeant de manière immersive dans la page la plus sombre de l'histoire. Deux périodes se font le miroir l'une de l'autre. Le présent qui est le temps de l'enquête et le passé qui est le temps de l'histoire et de l'Histoire. Maniant le flash-back avec habileté, on passe d'une période à l'autre avec fluidité. Le casting est sans faute, mais on peut reprocher aux scènes de séduction et d'amour de frôler la niaiserie, la faute à des dialogues parfois fleur bleue et à un jeu d'acteur pas toujours convaincant.
Mais la force du film réside réellement dans l'évocation historique et le traitement dramatique du récit. Notons, à titre d'exemple, une utilisation astucieuse de l'Allegretto de la Septième Symphonie de Beethoven. Tout le monde connaît cette pièce et peu d’entre nous ne frissonnent dès les premières notes de cette mélodie. Son utilisation au cinéma est tellement courante qu'elle finit par devenir une solution de facilité. Mais Chouraqui est allé plus loin. À l’origine, la mélodie de Beethoven est d'abord exposée de manière simple, puis revient enrichie d'un contre-chant et d'un mouvement rythmique plus important pour enfin exploser littéralement, déployant toute la puissance expressive de l'orchestre. Chouraqui ne nous fait pas entendre l'oeuvre d'une traite mais distille ces différentes parties à mesure que la vérité se fait jour. La musique fait donc corps avec la progression du récit, ce qui confère à celui-ci une grande puissance dramatique. On pourra donc pardonner à Chouraqui ses quelques fautes de goût, pour reconnaître ce qu'il est vraiment : un cinéaste humain et généreux.
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