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Pierre et Manon réalisent ensemble des documentaires et survivent en faisant des petits boulots à droite et à gauche. Un jour, Pierre tombe amoureux d’Elisabeth, une jeune stagiaire. Cette dernière découvrira plus tard que Manon a elle aussi un amant. En révélant cette information à Pierre, elle porte à ce dernier un profond désespoir…
Si ça continue ainsi, on n’adressera bientôt plus que les mêmes reproches à Philippe Garrel, le bonhomme ne cessant perpétuellement de refaire en boucle le même film. Parfois, cela fonctionne lorsqu’il tente des choses par le biais de sa cinéphilie – souvenons-nous des références à Murnau et à Cocteau qui hantaient "La Frontière de l’aube", sans doute son dernier vrai beau film. Et à côté de ça, la même rengaine d’un cinéma plein d’acteurs qui font la tête, les mêmes acteurs qui ne jouent rien d’autre que des cicatrices intérieures, la même narration pour neurasthéniques, le même noir et blanc à la Raoul Coutard (c’est très joli, mais ça lasse), le même scénario (un homme, deux femmes), et j’en passe… Entre la grimace et le rire nerveux, inutile d’hésiter : les deux attitudes sont de rigueur devant un film d’auteur dans le sens le plus agaçant du terme.
Le problème est très simple : un homme qui trompe sa femme n’admet pas que sa femme le trompe, soi-disant parce que les hommes sont comme ça et que ce n’est pas sa faute s’il en est un (!). Vu que ce personnage joué par Stanislas Merhar ne suscite rien d’autre que le mépris à force de se complaire dans le désespoir et la misanthropie, l’intrigue n’a déjà rien à offrir. La mise en scène est au diapason : figée dans la grisaille, plate à n’en plus finir et peu encline à privilégier le cadre évocateur sur l’illustration basique de son scénario. Sans parler d’une voix off de Louis Garrel qui paraphrase tout ce que l’on comprend déjà à l’image (que c’est énervant…) et d’une interrogation fascinante qui semble extraite du bêtisier d’une réflexion de thésard : « Vaut-il mieux se doucher là où l’on pisse ou pisser là où l’on se douche ? ». Edifiant… Ne reste alors que Clotilde Courau, actrice sublime et définitivement trop rare, pour apporter un peu de lumière à ce ciel grisâtre sous lequel Garrel semble déterminé à s’isoler. C’est son droit. De notre côté, on se réserve celui de préférer les couleurs primaires…
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