affiche film

© Bodega Films

L'HOMME D’A COTE

(El Hombre de al Lado)


un film de Gaston Duprat et Mariano Cohn

avec : Rafael Spregelburg, Daniel Araoz...

Leonardo est un designer de renom qui vit avec sa femme et sa fille dans la demeure Curutchet pensĂ©e par Le Corbusier. Un matin, il dĂ©couvre que son nouveau voisin a dĂ©cidĂ© de casser son propre mur pour y placer une fenĂȘtre donnant directement sur le living room de Leonardo



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Photo film

Deux fenĂȘtres et un monde les sĂ©parent

Grand gagnant Ă  l’AcadĂ©mie des Arts et des Sciences CinĂ©matographiques d’Argentine et laurĂ©at du prix du public au dernier festival de Sundance, « L’Homme d’à cĂŽtĂ© » se dĂ©voile comme une savoureuse comĂ©die noire sur le repli des milieux sociaux en Argentine. A partir d’une simple querelle de voisinage qui pourrait sembler anodine, les rĂ©alisateurs parviennent Ă  mĂ©thodiquement construire une stimulante tension et un dĂ©licieux suspense.

Cela Ă©tant, la plus grande force de cette captivante comĂ©die reste tout le travail d’écriture et de composition de ses deux personnages principaux. L’un est l’archĂ©type mĂȘme de la bourgeoisie se croyant au-dessus de la plĂšbe. Designer de renom et rĂ©sidant dans une demeure qui reste un exemple pour tout architecte, Leonardo se donne le droit d’humilier ses Ă©lĂšves alors qu’il est incapable de se faire respecter au sein de sa propre famille. Son voisin, lui aussi, lui donne du fil Ă  retordre. Il est Ă  l’exact opposĂ© de Leonardo. Sorte de brute Ă©paisse, simple, direct et ne s’embarrassant pas de courbettes, Victor est un homme d’un milieu social largement plus populaire et n’hĂ©site pas Ă  user d’un humour plutĂŽt intimidant, laissant planer la menace d'une violence sous-jacente. Les confrontations entre les deux individus sont, Ă  ce titre, absolument irrĂ©sistibles, et les deux acteurs se dĂ©barrassent avec brio des stĂ©rĂ©otypes de leurs personnages pour laisser Ă©merger des cĂŽtĂ©s assez inattendus de leurs personnalitĂ©s. Daniel Araoz est magistral dans le rendu des changements d’humeur de son Victor, tour Ă  tour inquiĂ©tant, amical, attendrissant et drĂŽle. Bref, c’est finement jouĂ© et finement Ă©crit.

GrĂące Ă  une mise en scĂšne prĂ©cise et sans fioriture, usant de la sublime et torturĂ©e demeure de Le Corbusier, les deux rĂ©alisateurs parviennent Ă  rendre une atmosphĂšre dont la tension, Ă  peine palpable de prime Ă  bord, se rĂ©vĂšle sous-jacente Ă  bien des occasions. Au final, Gaston Duprat et Mariano Cohn offrent avec cette, simple mais trĂšs efficace, histoire de querelle de voisinage une brillante critique de la sociĂ©tĂ© argentine, dĂ©sormais divisĂ©e entre sa classe populaire et sa population aisĂ©e. « L’Homme d’à cĂŽtĂ© » rĂ©vĂšle Ă  quel point l’arrogance peut occuper l’esprit et le temps, mais surtout, dans quelles mesures le repli individualiste peut devenir dangereux.

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