Dérapages

Triste histoire que celle de cet homme qui ne sait plus où il va et pour lequel le travail n'a plus qu'une seule valeur : la peur. Le thème principal du second film de Laurent Cantet (Ressources humaines) est donc une nouvelle fois le travail.

D'un mensonge simple, issu d'une peur de décevoir ses proches, Cantet fait le point de départ d'une série d'omissions, tromperies, emprunts qui vont précipiter cet homme aux marges de la société. Le mensonge est alors au cœur de sa famille et de sa relation à l'autre, qui devient peu à peu le ciment de cette histoire d'errance sans espoir, ni but, excepté peut être celui de rentrer pour tout oublier.

Cette peur de la responsabilité, cette perte de repères sociaux, soumise à l'incompréhension, à l'insupportable compassion des autres, sont formidablement rendues dans ce film, empli de silences pesants, de paysages déprimants, de gênes à demi masquées, de colères simulées… et surtout du regard égaré du formidable Aurélien Recoing, autant émouvant qu'imposant. A voir d'urgence.