© Mars Films
Jeune et belle, Chloé est pourtant mal dans sa peau. Depuis toujours. Elle se décide à consulter un psychiatre, Paul. Une attirance mutuelle se dévoile progressivement, une relation se noue et Chloé semble enfin épanouie. Mais gare aux apparences…
Dix-septième long métrage du prolifique François Ozon, "L’Amant double", en compétition officielle au Festival de Cannes, rend visible une filiation entre le réalisateur français et le Canadien David Cronenberg qui a pu passer inaperçue jusque-là. Pourtant, ce rapprochement devient soudainement évident, à propos de la fascination qu’ont les deux cinéastes pour les corps, la sexualité et surtout les transgressions. Ici, le parallèle avec "Faux-semblants" est flagrant et Ozon ne s’en cache pas, nous proposant dès le début une scène de gynécologie qui fait forcément écho aux jumeaux incarnés par Jeremy Irons dans le film de Cronenberg. Comme si cela ne suffisait pas, Ozon s’inscrit aussi dans le sillage d’Hitchcock, et plus précisément de "Vertigo", auquel l’escalier en spirale adresse un clin d’œil manifeste.
De tels héritages pourraient s’avérer trop lourds à porter sur les épaules d’un réalisateur, et il y a fort à parier que de nombreux cinéphiles ne retiennent du film que les petits airs de déjà-vu qui planent de temps à autre, et que les plus mauvais coucheurs d’entre eux prennent un sadique plaisir à casser du sucre sur Ozon en voulant démontrer sa nécessaire infériorité par rapport aux maîtres précités. Mais saurait-on vraiment bouder notre plaisir (par pur snobisme) et nier la virtuosité avec laquelle le cinéaste français s’empare de ce thriller érotico-psychologique ? Même s’il reprend certaines recettes largement explorées par le cinéma d’angoisse (on pense par exemple à l’ambiance musicale et sonore), François Ozon n’en demeure pas moins efficace pour manipuler le spectateur, qui ne cesse de se poser la question du vrai et du faux tout au long de ce film fantastique (au sens strict du terme).
Ozon parvient aussi à tirer le meilleur de ses décors et de ses choix graphiques, y compris en érigeant une enthousiasmante passerelle entre son film et l’art contemporain. Il multiplie ainsi les motifs (peut-être trop ?) qui peuvent faire écho aux personnages et au scénario : les reflets divers (miroirs ou vitres), les symétries et, inversement, les difformités, ou encore les verticales qui emprisonnent (cela dès le premier plan des cheveux devant les yeux de Marine Vacth).
La précision n’est pas que dans le visuel : le duo Vacth-Rénier fonctionne à merveille. La jeune actrice, qui retrouve Ozon qui l’avait révélée dans "Jeune et Jolie", n’a rien à envier à la Natalie Portman de "Black Swan" (auquel il est possible de penser aussi). Quant à Jérémie Rénier (tiens, le même prénom qu’Irons !), qui en est pour sa part à sa troisième collaboration avec le réalisateur (après "Les Amants criminels" et "Potiche"), il livre une double performance très subtile qui vaudrait franchement un César !
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