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Gilles, professeur de philosophie, entretient une liaison amoureuse avec lâune de ses Ă©lĂšves, Ariane, qui habite avec lui. Un jour, il voit dĂ©barquer chez lui sa fille, Jeanne, qui a le mĂȘme Ăąge quâAriane. Celle-ci dĂ©cide de revenir vivre chez son pĂšre aprĂšs une difficile rupture amoureuse. TrĂšs vite, les deux femmes font connaissance et finissent par se comprendreâŠ
Le cinĂ©ma de Philippe Garrel est de plus en plus problĂ©matique, surtout si lâon sâen tient Ă la rĂ©gularitĂ© de son style et au point de vue misanthrope que lâon Ă©voquait dĂ©jĂ avec "Lâombre des femmes". Sauf que voilĂ , surprise, son nouveau film permet aussi bien de nous donner raison que de nous inciter Ă relativiser, histoire de faire enfin la part des choses. Film le plus accessible de Garrel (et de loin), "Lâamant dâun jour" a tout du Garrel 100% pur jus : toujours ce cinĂ©ma dĂ©pouillĂ© et taciturne Ă la recherche de la poĂ©sie des ĂȘtres et des sentiments, toujours ce superbe Scope noir et blanc Ă la Raoul Coutard, toujours cette magnificence des visages et des jeux de lumiĂšre, toujours ces scĂ©narios proto-autobiographiques Ă base de mĂ©nages Ă trois (un homme face Ă deux femmes : sa compagne et sa fille, qui ont toutes les deux le mĂȘme Ăąge !), toujours ces situations banales transformĂ©es en dĂ©charges poĂ©tiques, toujours ces dialogues groupĂ©s ressemblant plus Ă une rĂ©union clandestine entre soixante-huitards quâautre chose, et hĂ©las, toujours cet art de la lapalissade existentielle pompeuse (« La philosophie nâest pas un divorce avec la vie »), pour le coup indigne dâun cinĂ©aste de 70 ans qui aurait soi-disant tout compris des sentiments et des cicatrices intĂ©rieures.
Rien nâa changĂ©, donc ? Pas si sĂ»r⊠La nouveautĂ©, câest que Garrel crĂ©e ici une rupture douce avec la misanthropie dont il faisait preuve auparavant, nâhĂ©sitant pas Ă privilĂ©gier le regard des femmes (magnifique Louise Chevillotte, ici la rĂ©vĂ©lation frĂ©missante du film) ou Ă aborder frontalement lâamour physique par de trĂšs dĂ©licates scĂšnes de nuditĂ©. Mieux encore, il laisse la musique guider son montage, ici au grĂ© dâun doux piano que lâon croirait sorti dâun film de Hong Sang-soo ou dâune danse nocturne sur fond de Jean-Louis Aubert (meilleure scĂšne du film). La poĂ©sie intemporelle qui en dĂ©coule sâavĂšre dâautant plus forte et proche quâelle incite Ă lâempathie et non au jugement moral sur cette histoire dâadultĂšre mine de rien franchement tordue. Preuve de cela, le jeu de miroirs redouble dâefficacitĂ© au vu de la simple prĂ©sence dâEsther Garrel, prenant la relĂšve du grand-pĂšre (Maurice) et du fils (Louis) pour que la fiction lĂąche de troublants Ă©chos avec le parcours du pĂšre (Philippe). Mais on sent surtout que le cinĂ©aste se fait plus doux et plus lĂ©ger quâil ne lâavait jamais Ă©tĂ©, laissant enfin derriĂšre lui la patte neurasthĂ©nique qui faisait trop souvent sa faiblesse ou le style underground qui sâavĂšre dĂ©sormais plus dĂ©passĂ© quâautre chose. Cette beautĂ© nâa rien dâautiste, finalement. Elle est tout ce quâil y a de plus simple, pour ne pas dire de plus pur.
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