© Rezo Films
À la mort de son père, Grégory Morel prend la succession de ce dernier au sein de l’étude d’huissier familiale. Dès les premiers jours, il est amené à traiter les dettes de Michel Delpech. Pas très à l’aise avec la froideur des procédures de saisie, il fera tout son possible pour aider le chanteur à rembourser ses dettes avant de devoir exécuter une décision de justice...
L’air de rien, voilà un film qui cache bien son jeu. Loin d’être un biopic de Michel Delpech (son quotidien dans le film est aux antipodes de la vraie vie du chanteur), le film aborde un sujet assez inattendu : le parcours introspectif d’un huissier de justice en quête d’une reconnaissance posthume auprès de son père, fan de Michel Delpech. En effet, la référence au chanteur n’est en fait qu’un habile prétexte pour donner une force narrative supplémentaire à ce film déjà savamment construit. Documentaristes de formation, les deux réalisateurs posent avec justesse leur regard journalistique sur l’activité, si peu flatteuse, d’huissier de justice. Cette trame, qui peut sembler rébarbative, s’étoffe de plusieurs catalyseurs sensibles qui font de ce film une véritable fiction : l’estime du père qui emprisonne le héros dans une quête de continuité paternelle ; et la lente déchéance d’une ancienne star de la chanson, qui a du mal à admettre qu’elle n’a plus les moyens de subvenir à sa vie de bohème.
L’air de rien, voilà un film qui montre une parfaite maîtrise scénaristique. La caméra colle au plus près des personnages sans s’accommoder du décor afin que le récit se concentre sur l’essentiel. Le montage, efficace, élimine les instants superflus pour amener le spectateur à imaginer les transitions entre deux scènes clés. Cet exercice de style, fluide et parfaitement maîtrisé nous permet d’être un tant soit peu actif par rapport au film, nous mettant dans une position inconsciente, mais qui apporte une vraie profondeur au film. Cependant la grande qualité de celui-ci est de savoir conjuguer maîtrise et moments de grâce. Les scènes de concert nous plongent dans une jolie nostalgie tant les mélodies des chansons de Delpech sont attachantes. Sa voix qui paraît si fatiguée dans les galas, s’échappe suave et chaleureuse dans l’intimité d’une route de campagne. L’homme n’est plus la star d’antan mais son talent est intact. Le petit huissier quant à lui, est poignant dans sa volonté désespérée de servir les gens qui l’entourent. Il n’éprouve aucune haine, aucune rancœur, il essaye simplement d’avoir la conscience tranquille.
L’air de rien, voilà un film qui révèle de beaux talents d’acteurs. On a du mal à imaginer que Michel Delpech fait ici ses premiers pas devant la caméra (le film ayant été tourné avant « les bien-aimés »). Naturel et posé, il aborde son rôle avec un flegme à la fois bourru et gentiment cynique. Cependant, la vraie révélation du film est Grégory Montel, dont la prestation touchante et sensible, avec son petit accent bon enfant, respire la gentillesse sans en faire des tonnes. Au contraire, alors qu’on s’attend à le voir jouer les bons copains gouailleurs, il exprime toutes les nuances des sentiments entre anxiété et ravissement. Subtil et parfaitement réalisé, « L’air de rien », porte définitivement son titre à merveille, car sans prétention aucune, il révèle un joli travail de cinéma.
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