© Filigranowa
Premier homme à avoir atteint les sommets himalayens du Dhaulagiri et du Broad Peak, Kurt Diemberger est aussi le seul homme au monde avec Hermann Buhl à avoir conquis pour la première fois deux sommets supérieurs à 8000 m. Mais c’est aussi un réalisateur de films de montagne qui a su marquer des générations entières d’alpinistes, ce qui lui aura valu le surnom de « cinéaste des 8000 ». À travers l’il de cette caméra qui l’aura accompagnée, il revient sur les joies et les tragédies qu’il aura connues en haute altitude…
Il y a pour tout dire un seul plan à sauver dans ce documentaire : on y voit Kurt Diemberger et son ami alpiniste s’arrêter sur un chemin de montagne pour évoquer autant leurs expéditions passées que leur vieillesse, tandis que d’autres marcheurs plus jeunes passent à tour de rôle sur le chemin sans prêter attention à ces deux hommes (qui sont de véritables légendes de l’alpinisme). Ce sera pour ainsi dire le seul plan de cinéma du film, où la composition du cadre crée un début de trouble et d’émotion. Le reste ne sera jamais à la hauteur des promesses que l’on plaçait en lui au vu de son sujet : Luca Bich voulait sans doute creuser la personnalité de Diemberger et son rapport à la caméra, mais au final, on sort du film en se demandant où il voulait en venir.
La durée trop courte du film (à peine cinquante minutes !) n’est déjà pas une aide en soi pour creuser un sujet aussi riche de la façon la plus passionnée possible. Le réalisateur fait mine d’aborder plusieurs pistes intéressantes : les souvenirs d’alpinisme de Diemberger, son retour sur certains lieux qui l’auront marqué, son émotion face aux images vidéo qu’il aura pu tourner lors de ses expéditions (la seule qui soit intéressante est d’ailleurs celle qui précède le générique de fin), ses rêves, sa vie, etc. Sauf que tout cela reste à l’état d’ébauches multiples, juxtaposées au gré d’un montage elliptique qui saute trop vite d’un sujet à l’autre. Dès le début du film, on en prend déjà le pouls en assistant à une coupe brutale en plein milieu d’une scène de relaxation de Diemberger sur fond de musique relaxante – laquelle évoque presque les compositions ambiant de la collection Oxygène. Aucune musicalité dans le montage, aucun fil directeur à creuser, trop de possibilités non concrétisées : l’échec est quasi total.
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