© Mika Cotellon/EuropaCorp Distribution
Le sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk sombre en mer le 12 août 2000. Malgré les dégâts causés par les explosions successives, une vingtaine de marins ont survécu. Mais les opérations de sauvetage vont prendre un contour politique, au risque de ne pas les secourir à temps…
Après avoir emmené Matthias Schoenaerts "Loin de la foule déchaînée", le réalisateur a cette fois décidé d’embarquer son comédien à bord du K-141 Koursk, fleuron des sous-marins russes. Le métrage s’ouvre au format 4/3 dans une cité côtière où la majeure partie de la population est composée de marins et de leur famille. À quelques heures d’une nouvelle expédition en mer, tout est bon pour célébrer, en particulier le mariage d’un des leurs. Puis le cadre s’élargit, le scope épouse le départ du submersible faisant la fierté de la Flotte du Nord. Si le film de sous-marins est devenu un genre en soi, souvent codifié comme un survival, le cinéaste va progressivement délaisser le catastrophisme de la situation pour se focaliser sur l’aspect dramatique, sur ces épouses éplorées dont le quotidien s’est transformé en une lutte pour la vérité.
Car au-delà du naufrage, "Kursk" raconte comment une vingtaine de survivants se sont retrouvés à attendre la mort en raison de l’inertie du Gouvernement. Sur les cendres de la guerre froide, et malgré les sollicitations de la communauté internationale, l’élite moscovite s’entêtera à refuser quelconque ingérence étrangère, préférant sacrifier la vie de ses militaires, qui s’étaient engagés en pleine conscience comme aiment le rappeler les amiraux, plutôt que de prendre le risque d’exposer les secrets de fabrication de leur flotte. S’installe alors un suspense morbide quant au dénouement, le montage alternant la longue expectative de ces hommes pris au piège, et le déroulé des événements à terre. Et malheureusement, ces va-et-vient incessants ont tendance à écraser la tension, montrant de manière trop caricaturale les errements diplomatiques (la faute peut-être à Luc Besson, ici producteur, qui aurait demandé à retirer toutes les scènes incluant Vladimir Poutine) et enchaînant les scènes attendues sur la douleur des proches.
Titubant entre le pamphlet politique, le film catastrophe et le récit larmoyant, cette superproduction internationale (dont le casting anglophone ne s’exprime que dans la langue de Shakespeare, avec tout de même la décence de ne pas feindre l’accent russe) sombre inéluctablement vers une chronique insipide et banale. Ne réussissant jamais à trouver l’instinct de survie et la rage nécessaires pour retracer un tel événement, ce mélo sensationnaliste déçoit, d’autant plus lorsque l’on connaît les nombreuses qualités de son auteur. Pour les aficionados d’émois en mer, un (re)visionnage d’"À la poursuite d’Octobre rouge" s’avérera bien plus opportun. Quant aux adeptes du style Vinterberg, mieux vaut se replonger dans sa filmographie que de se risquer à prendre part à cette déroute navale.
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