© Filigranowa
Deuxième homme à avoir escaladé les quatorze sommets de plus de 8000 mètres présents sur la Terre (et ce en seulement huit ans !), Jerzy Kukuczka est aujourd’hui considéré comme le plus grand himalayiste de tous les temps. Un exploit d’autant plus respectable que l’homme, ayant vécu dans la Pologne communiste, n’avait en sa possession que des équipements sommaires et des ressources technologiques inexistantes. Un parcours légendaire qui s’interrompra tragiquement par une chute mortelle en 1989, lors d’une ascension de la face sud du mont Lhotse…
Sur le domaine de l’escalade en contexte himalayen, qui plus est à une époque où s’aventurer sur les toits du monde (les fameuses « 8000 », quatorze montagnes en tout) était synonyme de danger, de risque et d’aventure vers l’inconnu, on avait déjà eu droit en 1985 au magnifique documentaire "Gasherbrum, la montagne lumineuse", dans lequel le réalisateur Werner Herzog suivait l’alpiniste Reinhold Messner dans sa tentative d’ascension simultanée de deux sommets de l’Himalaya sans radio ni oxygène ni retour au camp de base. Cet homme fut le premier de l’Histoire à avoir gravi les quatorze sommets les plus hauts de la planète, mais son exploit fut néanmoins tempéré par celui de son confrère polonais Jerzy Kukuczka, ayant certes réussi le même pari avec un peu de retard mais dans des conditions bien plus extrêmes et rudimentaires que Messner.
C’est à cet homme, tragiquement disparu en 1989 lors d’une ascension, que Messner lui-même rend ici un superbe hommage à travers son interview dans ce documentaire. Un documentaire polonais qui, au-delà de l’hommage méritant à un pur aventurier de l’extrême, a surtout pour ambition de dresser un panorama assez concis de l’activité d’alpiniste, davantage assimilée à de l’aventure qu’à un sport. Les témoignages recueillis mettent en avant l’effet pervers d’une telle activité, à savoir le fait de voir les médias inventer une course à l’exploit qui n’existe pas, la montagne étant trop imprévisible et ces grimpeurs trop fascinés par leur quête aventureuse pour que la moindre idée de compétition puisse être envisagée. L’appel final lancé aux futures générations de grimpeurs sera digne d’une vraie leçon de vie : prendre son temps dans son exploration et ne pas se précipiter à tout prix vers l’exploit.
Mais comment évoquer suffisamment de choses sur à peine quarante-cinq minutes de film ? La courte durée du documentaire empêche Jerzy Porebski d’argumenter davantage sur le contexte de l’époque : à ce titre, l’information la plus intéressante – le contexte de Pologne communiste qui poussait Kukuczka à se débrouiller lui-même dans ses ascensions – est ici évacuée en quelques phrases. De plus, l’omniprésence d’une musique encombrante qui ne se marie pas très bien avec les images d’archives et les entretiens constitue ici un sacré bémol. On ne conseillera donc ce film qu’aux fanatiques de la montagne, les autres peuvent plutôt se rabattre sur le film de Herzog pour appréhender vraiment l’effort et le contexte risqué d’une excursion dans l’Himalaya.
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