affiche film

© 20th Century Fox France

KINGSMAN : LE CERCLE D’OR

(Kingsman 2 : The Golden Circle)


un film de Matthew Vaughn

avec : Taron Edgerton, Colin Firth, Mark Strong, Julianne Moore, Halle Berry, Channing Tatum, Jeff Bridges, Bruce Greenwood, Emily Watson


L’élite du renseignement britannique en costume trois piĂšces subit un terrible revers : chacune des installations de l’organisation Kingsman se retrouve anĂ©antie par une puissance inconnue, le Cercle d’Or. Seul espoir pour les deux seuls survivants de l’équipe : s’associer avec leur alter ego amĂ©ricain (l’organisation Statesman) pour sauver le monde



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Photo film

Ça passe
 mais ça (nous les) casse !

La tornade "Kingsman" avait rĂ©ussi l’impossible : sous l’impulsion d’un Matthew Vaughn que l’on savait virtuose mais quand mĂȘme pas aussi vĂ©nĂšre dans son ton punk, cette claque cinĂ©matographique avait su renvoyer James Bond Ă  la crĂšche, crĂ©er des personnages dĂ©calĂ©s Ă  forte dose culte, fracasser tous les codes du film d’action par un post-modernisme des plus revigorants, et Ă©lever le taux d’ultra-violence dĂ©complexĂ©e vers son zĂ©nith. Se farcir une suite Ă©tait plus que tentant, surtout avec Vaughn lui-mĂȘme aux commandes. Sauf que, donnĂ©e importante, repousser les curseurs d’un univers prĂ©dĂ©fini au travers d’une suite implique d’en Ă©lever la folie tout en la rĂ©gulant par un ton homogĂšne et une mise en scĂšne maĂźtrisĂ©e de bout en bout. LĂ -dessus, qu’on se rassure, le piĂšge a Ă©tĂ© Ă©vitĂ©. Ce que Vaughn a visiblement oubliĂ© concerne en revanche le point fatal de toute suite : la surenchĂšre. Soit le piĂšge dans lequel tombent 90% des sĂ©quelles de film d’action, et qui, Ă  force de vouloir aller plus vite et plus loin que la pensĂ©e du spectateur, finissent un peu par Ă©puiser ce dernier. Sans aller aussi loin que Michael Bay (dĂ©finitivement perdu depuis quelques annĂ©es), le rĂ©alisateur de "Layer Cake" s’est quand mĂȘme un peu pris les pieds dans les fils de sa gourmandise.

Le cinĂ©aste dĂ©ploie mine de rien son gĂ©nie de la mise en scĂšne dans des passages qui filent un tournis magistral (il y a tant de travellings impossibles Ă  recenser lĂ -dedans !), multiplie son appĂ©tit de violence gore par trois (on compte au moins cinq scĂšnes qui Ă©galent en folie dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e le carnage Ă©piscopal du premier film !) et use d’un ton mal Ă©levĂ© qui provoque de gĂ©nĂ©reux fous rires (mention spĂ©ciale Ă  l’invitĂ©-surprise qui en fait des caisses pour singer son image mĂ©diatique !). De ce fait, il est difficile de rechigner face Ă  un spectacle qui met autant la tĂȘte Ă  l’envers – les 2h20 passent ici Ă  la vitesse d’un TGV. En fait, si l’on voulait rĂ©sumer ce qui ne va pas, on pourrait dire que "Kingsman 2" se veut beauf lĂ  oĂč son prĂ©dĂ©cesseur Ă©tait clairement punk. Tout ce qui fait l’identitĂ© premiĂšre de cette suite se rattache surtout Ă  l’idĂ©e d’une cour de rĂ©crĂ©, d’un terrain de jeu oĂč tout serait permis et oĂč la question de la vraisemblance ne se pose plus du tout. C’est Ă  la fois une force – on se croirait souvent en plein cartoon trash – et une faiblesse – on a parfois l’impression d’assister Ă  une parodie. Car, oui, en raison d’une structure narrative quasi identique (Vaughn et ses scĂ©naristes ne se sont pas fait mal aux neurones) et d’une « rĂ©surrection » de Colin Firth qui frise l’opportunisme (l’explication flirte avec le foutage de gueule), rien dans cette suite ne signe l’envie de transcender un modĂšle existant. Seul compte le dĂ©sir d’en faire plus, et donc d’en faire trop.

Les grands moments de cinĂ©tisme dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© vont ici de pair avec un film qui, gavĂ© jusqu’à l’explosion, affaiblit la portĂ©e de son rĂ©cit. Il en va de mĂȘme pour le propos du film, montrant le soulĂšvement de l’organisation Kingsman contre une vilaine au sourire crispĂ© (Julianne Moore en mode "Stepford Wives") qui menace de zigouiller tous les droguĂ©s de la planĂšte et un prĂ©sident amĂ©ricain qui se rĂ©vĂšle tentĂ© d’en tirer profit pour appliquer sa politique « tolĂ©rance zĂ©ro ». Mais la subversion du premier opus a un peu changĂ© de visage, plus proche de la grosse blague sans complexe qui fait effet en vomissant le libĂ©ralisme hygiĂ©niste de l’Oncle Sam mais avec un taux de cholestĂ©rol trop Ă©levĂ©. Un peu comme si Vaughn avait rĂ©gressĂ© de l’ado punk vers le teenager boutonneux, trop soucieux de tĂącher chaque situation et chaque ligne de dialogue en crevant le plafond de l’outrance. On ne peut pas nier qu’on s’est quand mĂȘme amusĂ© Ă  le voir pousser le bouchon aussi loin. On ne peut pas non plus s’empĂȘcher de penser qu’il a atteint lĂ  son point limite. La saturation n’est pas loin


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