Une réflexion sur la perception et l’appropriation de l’histoire par chacun. Derrière cette phrase énigmatique se cache un long-métrage expérimental où différents acteurs défilent pour interpréter les mêmes fragments d’une histoire se déroulant lors de la Révolution mexicaine, le but étant de nous interroger aussi bien sur l’Histoire que sur le métier de comédien...
Trois ados mexicains marchant dans le désert à une époque ancienne, différents acteurs filmés en train de répéter les mêmes répliques… Voilà à quoi se résume « Killing strangers », au titre aussi énigmatique que le contenu du long-métrage. Le seul problème est que ce dernier est complètement incompréhensible, les deux réalisateurs ayant confondu mystère et incohérence. En effet, les cinéastes ont décidé de s’attaquer au mythe révolutionnaire par un prisme théâtral. Des acteurs défilent ainsi sur un canapé pour improviser ou s’approprier des répliques imposées (par exemple, des extraits d’une chanson des Beatles), toutes liées à la Révolution. L’idée est alors d’assister à la construction d’une légende collective de la Révolution, par l’utilisation des différents sens et interprétations de ces acteurs, tout en observant, simultanément, la déconstruction de ce même symbole par le destin de trois adolescents perdus sur le chemin pour rejoindre les troupes de la Révolution mexicaine.
Impossible à résumer, ce projet expérimental est également irregardable, tant par son rythme assommant que par l’épuisement rapide du procédé. Débutant par une citation de Stanislavski sur la conception du métier de comédien, la portée didactique du long-métrage est purement fictive, les réalisateurs refusant toute réflexion pour enchaîner les répliques métaphysiques dans une mise-en-scène inexistante (successions de plans-séquences). Si s’intéresser à la guerre ou à la révolution par l’héritage qu’elles ont laissé sur les générations suivantes était une entreprise louable, il semble que les metteurs-en-scène n’aient jamais eu les moyens de leurs ambitions. Lorgnant du côté de l’enseignement ésotérique, les cinéastes délaissent complètement les spectateurs pour se perdre aveuglement dans un essai initiatique qui laissera la plus part du public complètement de marbre. Distillant les pièces d’un puzzle qu’il ne parviendra jamais à rassembler, « Killing Strangers » devient une succession inintéressante de saynètes. Un long moment de souffrances qu’il vaut mieux éviter de s’infliger !
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais