© Warner Bros. France
Quatre garçons originaires du New Jersey rêvent de quitter le quartier pour la scène. Ensemble, ils montent différents groupes jusqu’à connaître le succès avec The Four Seasons. Mais cette ascension ne sera pas sans conséquence, et les problèmes de chacun vont mettre en péril l’entente du groupe…
Cela commence avec une mélodie, quelques notes entêtantes. On s’interroge et on reconnaît « Cette année-là » de Claude François. Nous sommes-nous trompés de film ? "Jersey Boys" est-il le remake de "Cloclo" ? Et puis, un homme s’adresse à nous, balayant tout nos doutes. C’est Tommy DeVito, un petit mafieux, toujours prêt à se fourrer dans une magouille. Son plan d’avenir ? Monter un groupe pour s’échapper de son quotidien de petite frappe locale. Pour briller, il mise alors sur celui qu’on surnomme « le petit Franky », un gamin du coin, apprenti coiffeur, cheveux gominés et voix criarde. Ensemble, ils vont réussir ce que personne n’osait espérer : être les membres d’un groupe qui enchaîne les tubes.
C’est précisément à l’ascension de ces quatre crooners que Clint Eastwood a décidé de s’intéresser en adaptant la comédie musicale éponyme. Grand mélomane, et amoureux du jazz, le réalisateur s’est immiscé à plusieurs reprises dans le domaine de la musique, composant plusieurs bandes originales, et nous offrant le superbe biopic de Charlie Parker, "Bird", où Forest Whitaker démontrait tout son talent. Et c’est peut être ce mélange entre une œuvre académique et une déclaration d’amour, emplie d’admiration, qui rend ce métrage si particulier. Car Clint sait sublimer le quotidien, magnifier les petits détails pour faire un grand film.
Par une construction narrative ambitieuse, où les protagonistes s’adressent directement aux spectateurs, et où certaines parties de l’histoire restent tapis dans l’ombre, le cinéaste parvient à rendre passionnant l’épopée de ces quatre garçons jusqu’à la gloire. Se focalisant toujours sur le groupe, le film gagne en intensité au fur et à mesure qu’il avance, les différents enjeux se mariant parfaitement. Ode à la joie enchantée, "Jersey Boys" est loin d’être une simple succession de chansons, ce biopic regorgeant de drames et de quêtes en tout genre. Car plus que l’histoire de ce boys band, Eastwood capte également l’atmosphère d’une époque où tous les rêves et les excès étaient permis.
Si le film est une telle réussite, c’est également en grande partie grâce à la troupe de comédiens, la plupart venant du show musical originel. Débordant d’énergie, ceux-ci sont aussi crédibles dans les séquences chantées que dans les autres, leur joie étant communicative. Mais surtout, Clint Eastwood nous fait oublier les déceptions de "J. Edgar" et "Au-delà", revenant avec ce projet à la hauteur de sa légende. Au lieu de nous livrer une comédie musicale redondante, le cow-boy crée un film mélancolique aussi noir qu’il peut être enjoué.
En creux, se dessine alors une réflexion sur l’être humain, les compromis que représentent la musique, la force d’une amitié. Ironique et sensible, le film nous plonge dans un destin collectif que les aléas de la vie et les individualités bouleversent en permanence. Calé sur le tempo de ces mélodies romantiques qui le parcourent, "Jersey Boys" nous offre un grand moment de cinéma sans aucune fausse note. Et en plus, il nous rappelle que les Four Seasons sont à l’origine de nombreux tubes qu’on chantonne encore aujourd’hui. Monsieur Clint Eastwood, chapeau bas l’artiste !
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais