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Sandrine ne parvient pas à retrouver un emploi. Alors à trente ans, elle se voit dans l’obligation de retourner vivre chez ses parents. Là-bas, elle va commencer à travailler dans le chenil de son oncle avant de se retrouver plongée au cur d’un trafic de chiots…
Certains réalisateurs préfèrent recourir à une certaine forme de facilité lors de leur premier passage à un format long pour le cinéma. Mais ce n’est définitivement pas le cas de Laurent Larivière qui, après s’être fait remarquer avec plusieurs courts métrages, signe un premier film à l’ambition narrative impressionnante, un drame social mâtiné d’un thriller psychologique. Il y est tout autant question de cette honte sociale qui détruit une génération incapable de trouver un job stable que du trafic d’animaux de compagnie. Sandrine était pleine d’espoir et persuadée de pouvoir faire son trou loin de son Roubaix natal. Sauf que le travail se fait rare, les regrets inavouables et les rêves déchus l’obligent alors à revenir vivre chez sa mère, où elle côtoiera sa sœur et le reste de sa famille, également revenue au bercail pour des soucis financiers.
Dans ce schéma dramatique mais jamais misérabiliste, l’oncle apparaît alors comme une opportunité de s’en sortir, lui dont le chenil est une activité prospère. Débute alors un autre métrage en eaux troubles, un univers où les bons et les méchants sont les mêmes personnes, où l’ambiguïté est la règle sacro-sainte et où le moralisme est délaissé au profit d’une efficacité abrupte. Alternant séquences particulièrement dures et violentes avec des scènes plus lumineuses, le film trouve sa respiration dans ce mélange particulièrement réussi des genres.
Si ce drame organique est une telle réussite, c’est également grâce à la copie parfaite rendue par les comédiens. Louise Bourgoin est impressionnante dans ce rôle compliqué qu’elle parvient à transcender par la subtilité incandescente de son jeu, tandis que Jean-Hugues Anglade compose l’une de ses meilleures performances depuis longtemps. Âpre et viscéral, on pardonne aisément à "Je suis un soldat" ses quelques errances scénaristiques qui affaiblissent son rythme dans la partie centrale. Avec cette mise en scène intelligente, en permanence au service du propos, et ses protagonistes paradoxaux, cette chronique boueuse développe un univers passionnant et troublant. Laurent Larivière est indéniablement un excellent directeur d’acteurs, et un réalisateur à suivre !
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