© Zelig Films Distribution
Alors qu’il officie comme coursier, un jeune d’origine maghrébine, étudiant à l’ENA, tombe sur son professeur de philosophie politique. Soucieux d’une certaine égalité des chances, ce dernier lui propose de l’aider à obtenir un stage à l’Élysée. Mais un soir, après s’être vu remettre la Légion d’honneur, le professeur décède d’un anévrisme. Peu de temps après, le jeune homme se présente au domicile de ce dernier, prétendant être le professeur, qui ne serait donc pas mort...
Le début de "Je ne suis pas mort" est assez déconcertant. Mettant face à face un professeur et l’un de ses élèves, le récit se place clairement sur le terrain de l’immigration, d’un point de vue philosophique, tout en tentant une prise de recul par rapport aux discours formatés. Entre propos sur les élites et les minorités, dissertation sur le début d’une diversité sociale qui s’installe peu à peu, et interrogations sur le « terrain » (le 93, les cités...) ignoré par les politiques, le portrait de l’énarque paternaliste et narcissique, à la fois condescendant et altruiste, paraît en soi un cliché. D’autant que semble convoquée ici une certaine idée de la bonne conscience d’une bourgeoisie parisienne qui chercherait à renouveler son image.
Il faut dire que le scénario en fait des tonnes dans le symbolique. La réincarnation du professeur dans le corps de son élève sonne comme une punition (il avait invité le jeune homme à sa remise de décoration, tout en oubliant de donner son nom à l’entrée), mais aussi comme la possibilité de contester un système dont il faisait lui-même partie, et de redémarrer à zéro ou presque... Le code 17A89 convoque une révolution (tout au moins comportementale), et la pièce La dispute traite du narcissisme, caractéristique forte du personnage du professeur... Si tout pointe dans la direction d’une remise en cause, difficile cependant de croire à la mutation subite de cet homme de réseaux, en un jeune homme contestataire, persuadé qu’il n’est point besoin de suivre des études pour avoir une vie.
Si on ne peut qu’adhérer à une vision plus équilibrée de la vie, où travail et connaissances ne seraient pas tout, où origines sociales et techniques ne seraient pas un obstacle à une certaine réussite, le discours semble un peu trop facile, et porté par une vision simplificatrice opposant nécessairement deux milieux : la grande administration et les artistes (ce qu’est bien sûr la femme du professeur... que le jeune homme trouve charmante). Bercé de pénibles violons, ce réveil d’un homme à ce qui serait une « vraie vie », capable enfin d’exister (donc de se « tenir hors de [son] être » et de sa vie bien réglée), passe par le règlement d’un passif de chacun des personnages avec leurs pères respectifs. C’est certainement là le volet le plus intéressant du film, générant une certaine tension, au travers des mystérieuses visites d’un Albert Delpy malheureusement sous exploité (et complètement oublié dans la seconde partie du film...) et de la présence magnétique de Slimane Dazi (l’excellent grand frère de "Rengaine"), qui cache ici un lourd fardeau.
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