© Rezo Films
À Tel-Aviv, un petit escroc accepte de travailler dans une société de vente de cuisine par correspondance pour faire plaisir à sa femme. Celle-ci n’en peut plus de ses coups fourrés et de ses manipulations pour escroquer tout le monde même son beau-père… Mais l’appât du gain facile refait rapidement surface et l'homme se lance dans une nouvelle combine en se faisant passer pour des chefs d’entreprise ayant besoin d’un virement bancaire au plus vite. Première cible : une employée de banque parisienne…
D’un phénomène assez nouveau et peu connu (l’usurpation d’identité par téléphone pour soutirer de l’argent aux banques et à toutes sortes d’entreprises), Pascal Elbé propose un film de gangsters qui s’appréhendait un peu comme un rendez-vous avec notre propre banquier après un découvert : avec inquiétude ! "Je compte sur vous" se devait de posséder un scénario béton pour ne pas lasser le spectateur avec un gentil malfrat passant ses journées au téléphone avec ses victimes potentielles. Malheureusement, c’est un contrat à moitié rempli. Si l’histoire a le mérite d’aller droit au but et d'entrer rapidement dans la combine du truand (sans vraiment comprendre pourquoi il a cette idée d’ailleurs), celle-ci reste finalement trop simplette, reposant sur des faits avérés mais sans le génie de la manipulation attendue.
Les nombreuses scènes au téléphone trouvent leur intérêt grâce à une mise en scène éclectique – à défaut d’être originale – et grâce à la prestation du comédien Vincent Elbaz qui arrive à donner corps à un vrai bandit des temps modernes. Armé de son cellulaire et de sa force de persuasion, il doit convaincre de crédules employés de faire un virement sur un compte bien entendu truqué. Et quel brio dans le ton ! Le comédien fait tout passer par la voix, qu'il pose à merveille pour obtenir ce qu'il veut. On passera donc aussi vite que le réalisateur lui-même sur les personnages secondaires censés composer sa famille, dans laquelle Julie Gayet campe une épouse suspicieuse mais totalement aveugle ! Le film demeure finalement assez gentillet mais ce n’est pas le casse du siècle.
Pourtant, le trafic opéré par le personnage joué par Elbaz – adapté de faits bien réels – rappelle les grands coups tordus de ces dernières années, tel le pactole que récupérait Bernard Madoff en escroquant ses victimes. Comme Elbaz aime à le rappeler dans le film, il n’a menacé personne d’une arme, n’a lui-même jamais braqué de banques, l’argent étant venu à lui par le biais d’autres mains, celles sages qui pensaient bien faire en obéissant à leur boss. Le film de Pascal Elbé aura donc le mérite de rappeler notre faculté de soumission à un supérieur hiérarchique (revoir pour ce faire "I comme Icare" ou celui à venir prochainement, "Experimenter", sur l’expérience de Milgram) et d’aiguiser notre méfiance quant aux demandes pressantes d’un supposé patron. Il pourrait même faire office de film de formation pour ceux travaillant en banque ou dans un service de comptabilité ! Ce qui n'est déjà pas si mal, mais pas suffisant...
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