© Epicentre Films
Laetitia, entendante, raconte le documentaire qu'elle avait imaginé faire avec son ami Vincent, sourd, qu'elle avait rencontré à la fin des années 90, et disparu depuis. Un documentaire pour rendre visible la communauté des sourds...
Passé un certain temps nécessaire à l'adaptation au principe narratif (la réalisatrice raconte en voix-off la construction du film, s'adressant à son ami disparu), le rythme de ce documentaire plaidoyer séduit, adoptant un caractère humble. De l'humilité, il aura fallu à cette jeune femme, entendante, pour s'intéresser et s'immerger dans le monde des sourds (les scènes d'apprentissage de la langue des signes sont assez significatives). De là, elle en aura tiré une série de rencontres, du professeur sourd-muet devenu parrain de son fils à un acteur de théâtre pas comme les autres.
Permettant d'intéressantes réflexions autour de l'apprentissage de la langue des signes, son approximation, ses apports quotidiens, l'auteur met progressivement en évidence la revendication principale des sourds : le droit à l'autonomie. Coincés dans une société qui ne jure que par l'oralisme (une source de traumatisme pour de nombreux sourds...) et l'envoi en écoles spécialisées, les sourds ont le sentiment d'être pris en otages par un corps médical qui prône l'appareillage (et donc la sortie du silence...) et par des parents trop désemparés pour faire de vrais choix. Un plaidoyer intéressant et intime, sur le désir de reconnaissance d'une culture et non d'une situation du handicap.
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