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Hubert et sa mère Chantale se détestent d’amour ou s’aiment de haine, ça dépend ! Tout l’énerve chez elle, que ce soit sa façon de conduire ou ce morceau de biscuit qui reste collé dans le coin de sa bouche… Fils unique, qui ne voit que rarement son père, Hubert essaie de faire un pas vers sa mère, mais il faut toujours qu’elle trouve un moyen qui l’oblige à faire trois pas en arrière. Un jour, il fait croire à une de ses professeurs que sa mère est décédée…
Non, malgré son titre, il ne s’agit ni d’un film d’horreur, ni d’un drame social (quoique) ! Ce premier film de Xavier Dolan, petit génie d’un nouveau cinéma québécois, a été une véritable découverte au festival de Cannes 2009, où il a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs.
Sous la forme d’une vraie comédie familiale hilarante, le réalisateur livre un véritable pamphlet sur les relations d’un fils face à sa mère et s’attache à extirper toutes les ambiguïtés et les subtilités d’un amour filial. Loin d’en rester à un seul schéma primaire, Dolan fait passer la relation d’un sommet de reconnaissance à un vide d’affection, puis d’une haute estime à un fossé d’incompréhension. Les sentiments, au cœur du film, sont comme sur un grand huit et prennent des virages serrés sans même laisser au spectateur le temps de reprendre son souffle.
Les comédiens sont formidables. Xavier Dolan, très connu au Québéc, se met lui-même en scène dans le rôle du fils. Sa frimousse et sa gueule d’ange contrastent brillamment avec les noms d’oiseaux qu’il peut jeter à la figure de sa mère en toute impunité. Et on est pendu à ses lèvres quand il se « confie » à sa caméra pour parler de son amour pour celle qui lui a donné vie seize ans plus tôt.
Anne Dorval, magistrale Cricket Rockwell dans la série TV « Le cœur a ses raisons » incarne la mère. Elle nous scotche de rire quand elle défend son attirance pour le mauvais goût, notamment représenté par ses peintures d’animaux accrochées aux murs ou ses abat-jour en léopard. Elle est aussi toute en nuance quand elle apprend par hasard l’homosexualité de son fils. On jubile, enfin, quand, au téléphone, elle menace un directeur d’établissement scolaire qui l’accuse de mauvaise éducation envers son fils !
« J’ai tué ma mère » a obtenu trois prix à la Quinzaine des réalisateurs et a malheureusement manqué la Caméra d’or, qui lui était pourtant naturellement destinée. Elle aurait récompensé un premier film dans lequel un jeune cinéaste aura rarement été aussi juste, aussi vrai et aussi entier. On attend le nouveau film de Xavier Dolan avec impatience. Il nous l’a promis rapide. Rapide, c’est déjà trop long.
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