JuliĂĄn, Ă©tudiant Ă Toronto, rentre chez lui aprĂšs un sĂ©jour Ă Barcelone. ObsĂ©dĂ© par la relation passionnelle quâil y a vĂ©cue avec Sundra, une jeune mannequin, il dĂ©cide de lui envoyer des vidĂ©o-lettresâŠ
Ils sont rares ces films-lĂ qui vous captent immĂ©diatement lâĆil et le cĆur ! DĂšs les premiers instants, on se croit entrĂ© dans un auto documentaire intime et mĂȘme si on comprend rapidement quâil sâagit bel et bien dâune fiction, le ton est donnĂ© : ça sent le vĂ©cu, lâauthentique, le vrai, lâhumain ! Le granulĂ© de la vidĂ©o numĂ©rique nous entraĂźne symboliquement dans le fond du personnage, qui brosse lui-mĂȘme son portrait, dans une narration simple et nĂ©o-romantique. Evidemment, en sâadressant Ă Sundra, JuliĂĄn sâadresse Ă nous et il nous est ainsi encore plus facile de se laisser embarquer dans sa vie. Etrangement le film ne tombe jamais dans le voyeurisme, mĂȘme dans les sĂ©quences dâun certain Ă©rotisme. Câest intime mais aussi rĂ©ellement pudique et sincĂšre : trĂšs loin des Ă©missions de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© donc !
Lâimpression dâauthenticitĂ© est aussi renforcĂ©e par une part non nĂ©gligeable dâimprovisations, palpables et trĂšs rĂ©ussies, qui semblent rapprocher le film de lâĆuvre de John Cassavetes. « Itâs for you ! » semble aussi ĂȘtre un hybride rĂ©ussi entre thĂ©Ăątre et cinĂ©ma, un hĂ©ritier du cinĂ©ma underground en moins excentrique et moins prĂ©tentieux, et une dĂ©claration dâamour à ⊠tellement de choses ! Bruno LĂĄzaro Pacheco sâen donne Ă cĆur joie en alternant les rythmes, les rires, les larmes⊠et sâadonne par-ci par-lĂ Ă la contemplation avec des plans quasi abstraits, purement esthĂ©tiques : traces dâavions dans le ciel, graffitisâŠ
La principale virtuositĂ© du film tient en son utilisation du numĂ©rique. Contrairement Ă nombre de films, il nâest pas seulement question ici de simple Ă©conomie. Le mĂ©dia numĂ©rique et le processus filmique sont intĂ©grĂ©s Ă la narration, faisant du rĂ©alisateur comme du spectateur des personnages Ă part entiĂšre. Sans parler du potentiel esthĂ©tique de la vidĂ©o dont Bruno LĂĄzaro Pacheco tire profit avec magnificence ! Preuve quâon peut faire du grand cinĂ©ma sans pellicule ! Un film qui mĂ©riterait dâĂȘtre beaucoup moins confidentiel !
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