© Warner Bros. France
A l'aube d'une coupe du monde de rugby, le président Mandela va tenter de réunir son pays et de diminuer les tensions raciales, grâce à son équipe nationale, ceci non sans heurts et scepticisme de tous côtés...
« Invictus » conte un point de l'histoire d'un homme et d'un pays, une vision par la lorgnette qui appréhende une grande partie de l'histoire de cette jeune nation, l'Afrique de Sud, et révèle la relative importance du sport dans nos civilisations modernes. Car ce film montre une fois de plus la connexion, voire la connivence entre le sport et la politique, rejoignant par moment la maxime des Romains : « du pain et des jeux ».
Nos civilisations modernes accordent énormément d'importance à des événements sportifs internationaux, glorifiant au passage les athlètes, faisant ainsi passer au second plan les problèmes d'un pays. Et c'est ce point de vue que Clint Eastwood explore dans son film, vision parfois un peu idéaliste de cette connexion, entrainant une relative amélioration des relations entre les blancs et les noirs de ce pays.
Certes il appuie aussi son propos sur la description d'un homme, enfermé par ses concitoyens pendant plus de 20 ans, à cause de sa seule couleur de peau et qui n'a de cesse de vouloir réunifier un pays, une nation, comme si à travers sa souffrance il avait compris les hommes. D'ailleurs, de manière très christique, le réalisateur revient sur la période d'emprisonnement du président Mandela, à travers les yeux de ce capitaine emblématique de la sélection sud-africaine, qui vient visiter avec son équipe ses lieux de souffrance.
Si le but de ce film est bien de retranscrire ce point de l'Histoire, Eastwood réussit par ailleurs le tour de force de parfaitement retranscrire le rugby en tant que jeu, sur et en dehors du terrain, ce qui n'est jamais facile, de surcroit pour un réalisateur américain. Un petit regret cependant se fait jour au cours du métrage : la faille que représente la famille du grand sage et qui semble le fragiliser, le rendre plus humain, est à peine effleuré et laisse alors le spectateur sur sa faim.
Dans son entreprise, Eastwood est assisté par des acteurs imprégnés par leur rôle, avec en tête un très très grand Morgan Freeman, d'une sobriété exemplaire en Nelson Mandela. Il ne joue pas, il est le personnage, alors que Matt Damon rentre une fois de plus dans la peau (humour!!) d'un personnage fort dans son corps et plein de doutes dans sa tête. Le reste du casting s'intègre dans le film de manière progressive, mais imprègne l'ensemble d'une tension mêlée d'une envie de réussir, les doutes et les frustrations faisant le reste.
En fin de compte, un film puissant sur un sujet méconnu, où la passion des hommes pour un événement amène l'Histoire à fédérer un peuple, ou du moins à poser une pierre dans le jardin de l'humanisme. Une vision certes parfois un peu angélique, mais qui, pour la première fois, donne une vision d'un très grand homme du 20ème siècle. Quel que soit le domaine où il officie, Clint Eastwood excelle. A quand un film de super-héros, imaginé par le grand Clint, un style où le tragique, l'action et la réflexion peuvent faire bon ménage ?
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