© Sony Pictures
Accompagnée de ses deux collègues Specs et Tucker, la médium Elise Rainer se rend dans la petite ville de Five Keys pour aider un homme à se débarrasser de l'esprit qui hante sa maison. Mais pour elle, cette mission est très particulière. Et pour cause, la maison où elle se rend n'est autre que celle où elle a grandi…
Nous y voilà, le quatrième et dernier volet de la saga "Insidious" de James Wan et Leigh Whannell. Le dernier, mais aussi le premier sous certains aspects. En effet, pour la première fois depuis 2011 et la sortie du premier opus, ce n'est pas l'un des deux créateurs qui passe derrière la caméra. La réalisation a été confiée à Adam Robitel dont c'est le troisième long-métrage. De plus, dans la première partie du film, on découvre l'enfance d'Elise à Five Keys (Nouveau-Mexique) dans les années 50. Cela fait de "La dernière clé" – ou tout du moins de sa première partie – le premier film dans la chronologie de la saga. En remontant si loin, Leigh Whannell – puisqu'il aura été au scénario des quatre "Insidious" – apporte encore un peu plus de profondeur et de complexité au personnage d'Elise, confirmant que cette dernière est bel et bien le personnage central de la saga. Cela permet également de voir le premier film avec un autre regard puisque, on s'en rend compte à présent, Wan et Whannell ont eu l'audace de tuer leur personnage principal dès la fin du premier volet de leur quadrilogie, ce qui est assez rare pour être souligné.
Au-delà de ces considérations portant sur l'ensemble des quatre films, "Insidious : La dernière clé" est très bien écrit. Le long flash-back faisant office de première partie pose bien le décor, et celui qui vient en tant qu'élément de résolution s'intègre très bien au reste de l'intrigue. Le film ne perd pas son public par des allers-retours incessants entre les deux époques, il économise les "effets temporels" et c'est tant mieux. La mécanique scénaristique est elle aussi très bien rôdée. L'intrigue avance par des révélations et retournements successifs pouvant fondamentalement changer la vision que l'on a de certains personnages. Ce n'est pas sans rappeler certains des twists de la saga "Saw" – nous parlons ici des trois premiers opus, Wan et Whannell s'étant progressivement retirés par la suite. C'est agréable à suivre, et pour ceux qui ont bien en tête les trois films précédents, ça permet de comprendre pas mal de choses, comme pourquoi Elise a consacré une grande partie de sa vie à aider les gens grâce à son don. On notera enfin que le film se clos sur ce qui pourrait passer pour un cliffhanger un peu nul, mais qui est en réalité le dernier maillon de la chaîne bouclant la saga "Insidious". A priori pas de doute, il s'agit bien de la fin.
Les personnages sont eux aussi très réussis. En particulier les parents d'Elise que l'on découvre d'abord dans leur vie quotidienne de 1954, puis qui reviennent dans l'époque présente. C'est particulièrement vrai pour la mère, un personnage intelligent et touchant, interprété par une Tessa Ferrer convaincante. D'ailleurs, il est intéressant de noter que dans ce dernier volet, les personnages féminins ont une place prépondérante. C'est elles qui agissent, elles qui prennent les initiatives et dirigent les actions des autres personnages, notamment les personnages masculins. On pense principalement à Specs et Tucker, gentils idiots obéissant à Elise et fantasmant sur Melissa et Imogen – les nièces de la médium. Contrairement au premier opus où deux personnages masculins (Josh et son fils Dalton) étaient doués de médiumnité, dans "La dernière clé", il n'y en a aucun. Lorsque l'on est dans l'au-delà, tout se passe entre femmes. Enfin, les rôles d'antagonistes sont tenus par des hommes, même si au final, le vrai ennemi reste comme toujours le démon. Propos politique conscient, influence de l'actualité ou signe des changements qui s'opèrent depuis des années quant au rôle de la femme dans la société ? Difficile à dire, mais le fait est là.
Visuellement on retrouve certains gimmicks de la saga, comme la brume au sol dans le monde des morts. En revanche, le côté "fantasque" qui ressortait au début de la saga – mention spéciale à la chanson "Tiptoe Through the Tulips" de Tiny Tim – se fait moins présent. Les violons appuient un peu moins les jump scares, les démons s'affichent un peu moins ostensiblement, bref, c'est légèrement plus classique, mais toujours aussi bien écrit et bien réalisé. De quoi satisfaire les fans de la saga "Insidious". Pour percevoir tout le potentiel du film, mieux vaut avoir vu les autres, sans quoi on risque de passer à côté de nombreux éléments intéressants. Cependant, "Insidious : Le dernière clé" reste un bon film d'horreur. Alors si vous cherchez un peu de frisson en ce début d'année 2018, n'hésitez pas.
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