©Ocean films
La vie au quotidien, dans un petit village de l'Aveyron: Najac. Entre préoccupations environnementales et destins individuels...
Le réalisateur de "La vie comme elle va" nous revient avec un second documentaire sur la vie du petit village de Najac. Si on est très heureux de retrouver certains personnages, on regrettera un peu le côté moins collectif de ce deuxième volet. Ainsi, "Ici Najac, à vous la terre", tout aussi empli de charme que son prédécesseur, se concentre plus sur les problèmes d’environnement et sur le portrait d’un vieil homme hyperactif et fan de carrosseries, déjà vu auparavant. Bien sûr, on est intéressé par le concret des préoccupations de chacun, qu'il s'agisse de l'implantation probable d'un centre d’enfouissement nucléaire à proximité du village, ou de la destruction de la flore banale le long des chemins ou routes, par le cantonnier. Les oppositions de logiques sont mises à jour, et des approches surprenantes révélées. Ainsi par exemple, l'existence d'une décharge publique s'avère aussi une source de culture pour certains, comme pour ce gars qui y récupère de vieux bouquins…
On se laisse aussi prendre au charme et aux expressions d'incompréhension du vieil homme, personnage principal. On est admiratif de son regard plein d'envie, et du fait qu'il a été, il le dit lui même, opéré par trois fois du cœur et une fois de l’estomac et de la poitrine… On est aussi atterrés que dans son univers propre, il soit incapable de communiquer avec la Mairie, qui demande l’enlèvement des carcasses. Heureusement, un voisin viendra l'aider à préserver ses quelques trésors. Et la force du documentaire est de mettre en évidence ces moments de détresse et d’entraide qui font le tissu humain du village. Le réalisateur, lui, sait faire passer les émotions, notamment en juxtaposant les différents travaux d’Hercule de ce brave homme, qui comme un autre acteur de la mythologie, pousse en quelques sortes lui aussi sa pierre jusqu’en haut de la montagne...
Il est le seul à savoir ce « qu’il veut faire », dont la logique nous paraît cependant bien lointaine. Il pourra "déplacer des montagnes, pourvu qu’on lui donne un point d’appui", et c'est là une grande leçon de courage. Mais il peut aussi parfois passer pour un fou dangereux, ou inconscient, de par les moyens qu'il emploie pour arriver à ses fins (voir le chariot pour déplacer ses bancs à outils…). Même s'il ponctue son récit de quelques passages avec le chef de gare fainéant ou quelques rares autres habitants du village, histoire de détendre l'atmosphère, ce film sans commentaires montre à la fois humanité, persévérance et desseins apparemment ridicules. Il sait très bien faire passer ses messages, et on attend donc le troisième et dernier chapitre avec curiosité.
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais