affiche film

I’LL JUST LIVE IN BANDO


un film de Young Sun Lee

Acteur sans activitĂ©, JunKoo Oh reçoit deux offres d'emploi en mĂȘme temps, l'une pour un poste de professeur, l'autre pour un rĂŽle dans un feuilleton. Tenant compte de sa famille, il abandonne le rĂŽle et se dĂ©mĂšne pour obtenir l'emploi d'enseignant, plus stable. Cependant, l'ancien professeur qu'il va remplacer risque d'ĂȘtre accusĂ© d'agression sexuelle. JunKoo va tenter de persuader l'Ă©tudiante qui a Ă©tĂ© victime de se taire



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Photo film

L’ovni politique d’Annecy 2017 !

La dure loi des festivals de cinĂ©ma veut que l’on subisse parfois de cruelles dĂ©ceptions face Ă  des films dont on attendait trop, mais la rĂ©ciproque est tout aussi vraie. Surtout quand le rĂ©sultat se rĂ©vĂšle ĂȘtre un ovni des plus Ă©tonnants. Et autant dire que le vrai ovni du festival d’Annecy 2017, c’était bien celui-lĂ . FidĂšle Ă  toute une tradition tragi-comique du cinĂ©ma en provenance du pays du Matin Calme, "I’ll just live in Bando" se pose en imbroglio social de premier choix : implacable mais touchant, complexe mais dĂ©complexĂ©, pour ne pas dire aussi perturbant, sarcastique et barrĂ© qu’un film du Bong Joon-ho (la mise en scĂšne symbolique en moins). Le minimalisme de son graphisme – qui rappelle souvent celui employĂ© par Isao Takahata sur "Mes voisins les Yamada" – va ici Ă  contre-courant d’un propos tout sauf minimal, et c’est peu dire : entre un ton sombre au vu d’un Ă©vĂ©nement sordide (le viol d’une Ă©tudiante) et une peinture impitoyable de la course Ă  l’ascenseur social, c’est Ă  une vraie descente aux enfers relevĂ©e au piment sarcastique que nous convie le rĂ©alisateur Young Sun Lee.

Les inconditionnels du poil Ă  gratter politique s’empresseront de dĂ©nicher derriĂšre ce rĂ©cit drĂŽle et terrible une vraie rĂ©flexion sur les dĂ©rives de nos sociĂ©tĂ©s contemporaines (ou je ne sais quel autre euphĂ©misme Ă©rigĂ© en sujet de cinĂ©ma), mais les plus attentifs y dĂ©nicheront davantage une sorte de centrifugeuse des dilemmes moraux, oĂč l’humour irrĂ©gulier des situations tend Ă  bloquer le rire facile et Ă  crĂ©er le doute sur ce que l’on croit Ă©tabli. De ce fait, le film multiplie les retournements de situation – certains sont tout de mĂȘme assez prĂ©visibles – et cale l’aspect mutant de son animation sur l’état de stress d’un protagoniste soumis Ă  la pression sociale et confrontĂ© Ă  des blocages en tous genres. Un peu comme si l’on avait revisitĂ© "Les Simpson" en faisant en sorte que ce grand benĂȘt d’Homer se mange la rĂ©alitĂ© de plein fouet lorsqu’il croit que tout coule de source. Et sans certitude qu’il y ait une totale satisfaction pour lui au bout du chemin. "I’ll just live in Bando" est ainsi fait : une rĂ©alitĂ© qui ne cesse de se lĂ©zarder pour un personnage animĂ© qui semble toujours plus « gribouillĂ© » Ă  mesure que le tracĂ© de sa vie se met Ă  zigzaguer violemment. Cela ne le rend que plus cohĂ©rent dans son alliage du fond et de la forme.

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