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Le professeur Schneider et son fils partent dans le Lötschental dans les Alpes suisses enquêter sur une découverte scientifique qui pourrait remettre en question toute la filiation de l'espèce humaine. Ils sont accompagnés d'une jeune paléontologue, chouchoute du professeur...
Pour peu que l’on aille voir « Humains » dans l’idée d’assister à une comédie, le film réserve des moments de franche rigolade : scénario parodique (et qui ose, le temps de quelques plans, citer un modèle comme « Shining »), comédiens risibles, répliques de plus en plus stupides, situations rocambolesques, etc. C’est à croire que l’humour involontaire de toute l’équipe, des scénaristes aux acteurs, fait en réalité partie d’un vaste plan secret pour dissimuler cette fable potache et bucolique en soi-disant production horrifique ambitieuse (il faut voir comment la bande-annonce tentait de le vendre).
Il nécessite sans doute une bonne dose de talent pour gâcher d’une si belle façon toutes les possibilités offertes par le genre, à tel point que les premières minutes donnent déjà le ton de la bêtise affligeante qui sera à l’œuvre durant quatre-vingt-dix minutes : en rejoignant son père paléontologue, Thomas (Deutsch) tombe et se brise le genou, et c’est toute la structure codifiée du genre qui se brise avec à cet instant. Le plan suivant tente d’installer Sara Forestier dans le rôle d’une doctorante en anthropologie, lunettes d’étudiante sage aidant, et cette antithèse même – Forestier-scientifique – propulse « Humains » dans les limbes de la supercherie.
Puis, cerise sur le gâteau, dans le train qui mène la jeune scientifique dans la vallée suisse où doivent se dérouler les recherches, un couple de beaufs accompagné d’une insupportable adolescente fait son apparition ; Dominique Pinon, dans la peau du père de cette famille recomposée, nous prouve bien malheureusement que même les meilleurs comédiens trébuchent face aux plus insipides personnages.
C’est tout de même curieux : si l’essence du cinéma d’horreur consiste à créer une empathie avec les protagonistes, futures victimes potentielles, et si le spectateur est appelé à ressentir une quelconque émotion pour ces hommes et ces femmes innocents, comment expliquer que les membres de cette bande hétéroclite soient si odieux que leur disparition en devient presque un soulagement ? « Humains » est donc plus qu’une erreur : une démonstration amère de l’impuissance du cinéma français à construire une atmosphère d’angoisse et à créer la peur, surtout quand sort, en parallèle, une réussite américaine comme « La dernière maison sur la gauche ». Un ratage qui en deviendrait comique s’il n’était tragique pour le cinéma de genre hexagonal.
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