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Dans le Paris des années 30, Hugo Cabret est un jeune orphelin qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. Il ne lui reste de son père qu’un automate qui ne marche pas. Pourtant, un jour, Hugo parvient à le remettre en marche grâce à une clé bien particulière. Et l’automate réalise un dessin, signé Georges Méliès. L’homme est officiellement mort, mais en retrouvant sa trace, Hugo en apprendra peut-être plus sur lui même...
Ce film sonne comme une évidence. À l’heure où « Intouchables » dépasse les 13 millions d’entrées et où le cinéma marche mieux que jamais, balayant les craintes concernant sa potentielle disparition et l’augmentation du piratage, Martin Scorsese, décide de lui rendre hommage. Quelques mois après la sortie de « The Artist », sa démarche peut sembler bien vaine, mais c’est tout le contraire. Scorsese lorgne à peu près sur le même objectif que le film de Michel Hazanavicius (proclamer encore et toujours à quel point le cinéma nous est cher), mais sa méthode est radicalement opposée.
« The Artist » ranime le noir et blanc ainsi que le muet. Scorsese s’empare des dernières technologies, dont la 3D. Qui mieux que Scorsese, le cinéaste aux longs plans séquences, pour nous amener au sein d’un décors somptueux et nous faire suivre les péripéties du jeune Hugo Cabret, qui s’interroge à la fois sur ses racines et son devenir ? À quelques exceptions près, dont certains plans qui vont un peu trop vite, la maestria de Scorsese trouve plus que jamais sa signification dans ces plans qui voient évoluer sa caméra dans tous les recoins des décors dantesques, pour nous faire vivre encore plus profondément la vie du jeune Hugo.
La mise en scène de Scorsese, un peu comme celle de James Cameron pour « Avatar » répond talentueusement à une question que nous évoquons tous et régulièrement : la 3D est-elle utile ? Mieux : est-elle nécessaire ? La réponse est simple : nous voyons naturellement en 3D. Or le cinéma se veut comme un prolongement de la vie. Dès lors, pourquoi ne pas s’en rapprocher au plus près ? Toutes les évolutions techniques rencontrées par le cinéma n’ont eu de cesse de calquer les perceptions humaines. Le son d’abord, mais ensuite l’écran large, et la couleur.
La 3D a pour but premier de nous faire rentrer dans une histoire « comme s’y nous étions ». Scorsese utilise ici cette technologie à merveille. Pour nous faire rentrer dans les décors foisonnants et détonants des horloges de cette gare et en faire ressortir les couleurs étincelantes. Il fait virevolter sa caméra dans les moindres recoins de la gare pour signifier qu’Hugo la connaît comme sa poche car c’est sa maison. Mais plus encore, Scorsese utilise la 3D pour mettre littéralement en relief le cinéma des origines, et le faire revivre, tel qu’il était. Scorsese, le passionné de cinéma, réalise le fantasme de tout cinéphile, en nous contant de manière ô combien ludique le parcours de celui qui a fait du cinéma une fiction : Georges Méliès.
La 3D, nous replonge sur place et nous rend acteurs de l’avènement du 7ème art. Scorsese, n’en oublie pas une petite contribution toute personnelle en se filmant dans la peau du photographe qui prend en photo Georges Méliès devant son studio. Tout un symbole. La 3D est également formidablement adéquate quand nous assistons à la projection de l’arrivée d’un train en gare de la Ciotat et à la réaction paniquée des spectateurs. Ces considérations purement cinématographiques permettent au jeune Hugo, qui s’interroge sur son devenir, de lui montrer quel sera son chemin, une fois sorti de l’univers de ferraille de la gare.
Il faut admettre que le récit connaît une vraie baisse de régime, à sa moitié, lorsque Hugo n’a pas encore découvert Méliès. Le récit manque alors d’un peu de piment et d’objectif. Cela montre qu’Hugo, héros du récit, peine à trouver le sens de sa propre vie, mais le récit se bloque ainsi avant de repartir de plus belle. Scorsese perd un peu de son allant, ce qui n’est pas fréquent chez lui, et le film souffre encore une fois du même symptôme que « The Artist » : la longueur.
Enfin, ce qui peut également surprendre chez Scorsese, le film est de manière annoncée mais inattendue « tout public ». Le réalisateur délaisse ses gangs de truands et filme les émotions d’un garçon. Cela en désarçonnera plus d’un, mais par ce virage, Scorsese se pose en cinéaste, capable de tout filmer, et c’est humainement appréciable. Certains y verront trop de bons sentiments, et peut-être auront-ils raison. Mais tandis que Scorsese se prend pour Méliès en nous expliquant les origines du cinéma, on est comme Hugo : sous le charme. On en sort conquis, avec l’envie d’être magicien à notre tour…
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