©metropolitan film export
En 1994, le Rwanda s’embrase et les Hutus massacrent les Tutsis. Au milieu de cette fournaise, des casques bleus impuissants protègent tant bien que mal les ressortissants étrangers dans l’hôtel « Mille Collines ». Le manager de l’hôtel, Paul Rusesabagina (Don Cheadle), un Hutu, y réfugie aussi sa famille et ses amis Tutsis. Et la tension monte inexorablement, dans et autour de l’hôtel…
Quand Hollywood s’attaque à l’histoire, contemporaine de surcroît, on peut s’attendre au pire ! Et le début du film donne un mauvais pressentiment d’américanisation, qui a tendance à irriter facilement ! Mais, ô grande surprise, passé ce premier quart d’heure décevant, on s’engage sur des voies beaucoup plus satisfaisantes. La tension monte petit à petit, parfois brutalement, dès que Paul et les autres se réfugient dans l’hôtel. Et le film prend une tournure tout à fait intéressante.
Le film se transforme en un résumé des évènements de 94, sans donner trop à voir de cette horreur. Pas voyeuriste donc (et la brève apparition de Joaquin Phoenix en reporter donne une bonne critique du voyeurisme gerbant des médias) mais l’horreur est pourtant palpable. C’est là la principale force du film : suggérer plutôt que trop montrer. Cela n’empêche pas le film d’être une vraie plaidoirie contre les atrocités des Hutus mais aussi contre le silence affreux des puissances occidentales et de l’ONU.
Du coup, sans être ni très provocateur ni très dénonciateur (et plus ou moins politiquement correct), ce film nous aide à comprendre ce que les médias nous avaient plus ou moins caché à l’époque et à soulever des tabous honteux. Loin de prétendre à une exhaustivité, ce film sincère et modeste nous donne les clés qu’il nous faut pour comprendre l’essentiel du conflit. Terry George se sert alors de l’histoire vraie et touchante de Paul Rusesabagina comme un vecteur quasi romanesque afin de dresser un portrait du Rwanda de l’époque. On est loin des stéréotypes héroïques américains, malgré quelques clichés hollywoodesques disséminés ça et là : la manière de filmer les scènes de retrouvailles, les inévitables piques d’humour lourdaud…
La performance de Don Cheadle, mais aussi celle de Nick Nolte (enfin un rôle digne de son juste talent sous-utilisé !), ne font qu’ajouter quelques ingrédients supplémentaires de qualité à ce film. Finalement on ne retrouve pas les prétentions démagogiques qu’on redoutait, et cela semble rester assez fidèle aux évènements, tout en chuchotant à notre inconscient qu’il serait bien temps qu’on se renseigne plus sur cette Afrique tant oubliée qui souffre en silence ! Et rien que ça, c’est un mérite indéniable d’Hotel Rwanda !
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